Blessé au tibia depuis cinq semaines, Vincent Luis a été contraint de déclarer forfait pour les Championnats d’Europe à Eilat, qualificatifs pour les Jeux. Le triathlète de Sainte-Geneviève a bien cru voir s’envoler son rêve olympique mais, aucun français n’étant parvenu à monter sur le podium, il conserve toutes ses chances de qualification. Il lui faut désormais récupérer de sa blessure avant de revenir sur le circuit mondial dans un mois.Quelles raisons expliquent ton forfait aux Championnats d’Europe le week-end dernier ?J’ai une fissure au niveau du tiers supérieur du tibia qui s’est déclenchée à la fin du mois de février. Je suis ensuite parti en stage en mars et la douleur est devenue de pire en pire. A Quarteira (le 31 mars dernier), lors de ma course de rentrée, cette fissure a grossi jusqu’à en faire une inflammation. Dès le lundi qui a suivi la course, je suis allé voir mon chirurgien pour faire une IRM et c’est là qu’on a vu vraiment ce que j’avais. Cette décision a-t-elle été difficile à prendre ?Oui bien sûr. Quand on t’annonce que tu as une fissure quinze jours avant Eilat, tu t’assois sur ta chaise et tu te demandes ce qui se passe. J’ai écouté les avis de tout le monde pour savoir si je devais y aller ou non. J’ai même hésité à ne m’y rendre que pour disputer la natation et le vélo car ce sont actuellement deux disciplines dans lesquelles je peux encore m’entraîner. Finalement, j’ai préféré ne pas disputer ce Championnat d’Europe et me reposer pour la suite. J’ai vraiment pris la décision en fonction de ce qu’il y avait de mieux pour moi et non pas en fonction de ce que je voulais. Et même si on a pris un gros risque, surtout quand on voit comment s’est déroulée la course, c’était le meilleur choix à prendre. Comment as-tu vécu à distance cette course qualificative pour les Jeux ?Je ne voulais absolument pas voir la course donc je suis parti faire du vélo au moment où le départ a été donné. Au bout de deux heures à rouler, le téléphone a commencé à sonner à plusieurs reprises. Dès que je suis arrivé chez moi, j’avais reçu plein de SMS et j’ai alors compris ce qui c’était passé. J’ai sauté de joie en voyant les résultats. C’était une libération pour moi. Quel est donc maintenant la suite de ton programme ?Je vais continuer à bien m’entraîner en natation et à vélo car je ne peux pas courir. Je me déplace encore en béquilles. Le 4 mai, je ferai un scanner pour voir où cela en est. Je vais surement recommencer à courir sur un tapis en apesanteur avant de recourir normalement. Et, si tout se passe bien, je serai au départ de la WTS de Madrid le 27 mai (3e manche des Series Mondiales). C’est clair que je ne vais pas gagner la course, car je ne serai surement pas à 100 %, mais je veux montrer à tout le monde que je suis en pleine forme et que cette blessure est derrière moi. Si on me donne deux mois pour me préparer, je serai prêt pour les Jeux début août. A combien estimes-tu aujourd’hui tes chances de décrocher ton billet pour Londres ?Ce n’est pas évident à dire. Il y a un an, j’aurai bien misé sur moi mais Tony (Moulai) a montré qu’il était là . Il a fait une très grosse course à Eilat. Aujourd’hui, je dirais que j’ai 60 % de chance d’aller aux Jeux.Propos recueillis par Basile Regoli