Grand favori de l’épreuve, Vincent Luis a remporté ce dimanche pour la troisième fois de sa carrière l’Aquathlon de Vittel (2008, 2010 et 2014). Un bon moyen de faire un peu de rythme avant de lancer sa saison internationale en Nouvelle-Zélande dans un mois. Son objectif cette année : intégrer le Top 5 mondial. 

Tu n’avais plus mis les pieds à l’Aquathlon de Vittel depuis 2010. Quelles ont été tes motivations pour y revenir cette année ?

« Déjà, il y a eu deux années où j’étais blessé donc ce n’était pas évident de venir. Là, je n’étais pas blessé et comme mes parents habitent à côté j’en ai profité pour passer le week-end chez eux. C’est une bonne manière pour commencer à préparer les enchainements. C’est bien placé dans la saison et ça permet de faire un peu de rythme dans une période où on est plutôt dans le foncier.

On t’a vu ces dernières semaines disputer les départementaux, régionaux et interrégionaux de cross-country. Cela faisait aussi un petit moment qu’on ne t’avait plus vu dans les labours ?

J’ai toujours bien aimé les cross. Pour la même raison que Vittel, les blessures que j’ai enchaînées depuis deux saisons m’ont un peu éloigné des labours. Je m’entraine maintenant avec des purs athlètes qui participent aux cross et on a une bonne équipe au sein de l’EFSRA Reims. Aux interrégionaux, je ne m’attendais pas à marcher comme ça car je revenais tout juste d’un stage en Guadeloupe. Avec le décalage horaire, je ne me sentais pas dans un état de fraicheur mais au final ça a bien marché. Quand on connait le niveau du premier (le champion de France Yassine Mandour), on sait que ce n’était pas évident de manœuvrer avec lui. Au final, j’ai réussi à m’en sortir pas trop mal. J’ai pris du plaisir.

Tu as été très régulier au niveau international l’an dernier (10e mondial). Peut-on dire que 2013 a été une bonne saison ?

J’ai été régulier oui mais j’ai très peu couru. Je ne suis pas entièrement satisfait de ma saison. J’ai commencé relativement tard, à Kitzbühel, et j’arrive à finir à la 10e place de la série WTS avec une course en moins. C’est mon meilleur résultat donc je ne vais pas cracher pas dessus mais je suis resté sur ma faim.

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L’année 2014 va marquer le début de la course aux dossards olympiques pour les Jeux de Rio. Comment vois-tu cette saison ?

Ça va arriver vite. On est beaucoup en France à vouloir y aller. Je pense qu’on est six ou sept à y prétendre et qu’on aura trois dossards. Là, je me suis fixé des objectifs progressifs sur les trois saisons qui viennent. Ça va commencer déjà dès cette année en essayant d’intégrer le Top 5 mondial. Et après essayer de gravir les échelons pour me qualifier aux Jeux en ayant surtout la capacité de faire quelque chose de grand.

Les places pour aller aux JO en 2016 risquent d’être chères en France ?

On est beaucoup entre les trentenaires (Laurent et David), la génération 88-89-90 (avec moi, Aurélien et Pierre) et derrière on a Dorian qui pousse et Simon qui essaye de s’en mêler. Je pense qu’il n’y aura pas de secret. Le troisième qui ira aux JO sera capable de rentrer dans les huit premiers de la course olympique. Il faut se battre pour avoir sa place même si on sait qu’on a le potentiel pour faire un Top 10 aux Jeux olympiques. C’est hallucinant.

Quel est ton programme international cette année ?

Je vais courir la Coupe du monde de New Plymouth (le 23 mars). Ensuite, je resterai en Nouvelle-Zélande pour les deux semaines suivantes pour courir la WTS d’Auckland (6 avril) avant d’aller à Cape Town (2e étape WTS le 26 avril). Après, j’ai prévu d’aller m’entraîner en altitude pour préparer Londres (4e étape WTS le 31 mai). La suite n’est pas encore figée mais il y aura probablement Chicago (5e étape WTS le 29 juin), Hambourg (6e étape WTS le 12 juillet) et Edmonton (8e étape WTS le 29 août). Je n’irai pas au championnat d’Europe qui est selon moi pas très bien placé dans mon calendrier. J’y ai terminé à la 5e place l’année dernière mais cette saison je vise vraiment la série WTS pour avoir une régularité sur l’année. Quand je retournerai au championnat d’Europe, j’espère ramener une médaille.

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Dans quelle discipline te manque-t-il justement ce petit plus pour aller chercher le Top 5 mondial ?

Je pense qu’il me manque une vingtaine de secondes en course à pied. Enfin, ce n’est pas quelque chose qui me manque mais quelque chose que j’ai en trop et que j’essaye de perdre tous les jours à l’entrainement. Là, j’ai trouvé un bon rythme d’entrainement avec mon groupe à Reims. Ça se passe super bien. Je sens que je suis dans une bonne dynamique. Maintenant, la seule vérité ça ne sera pas les courses nationales ou le dix bornes du coin. Ça sera les WTS.

Quel est le profil de tes partenaires d’entraînement à Reims ?

C’est un groupe composé d’athlètes avec des coureurs de 1 500m, de 5 000m et de 3 000m steeple. Pour donner une idée, je ne sais pas si on a un coureur au-dessus des 15 minutes au 5 000 dans le groupe. Ça court vraiment et surtout il y a une superbe émulation. Il n’y a pas de rivalité entre nous et c’est ce que je cherchais. J’ai du mal à avoir des triathlètes dans mon groupe d’entrainement. Je m’entraîne 30 à 35 heures par semaine et s’il faut que toutes les demi-heures je me tire la bourre, je ne m’en sors pas. Là, à l’entraînement, je n’ai rien à prouver. Je ne fais pas la même discipline qu’eux.

Et au niveau du vélo et de la natation ?

En vélo, je m’entraîne avec ma copine (Pauline Ferrand-Prevot) qui est professionnelle à la Rabobank. Pareil, elle a un groupe d’entraînement où on trouve notamment les frères Joshua et Lucas Dubau qui ont été leaders de la Coupe du monde de cyclo-cross. Après en natation, on a une piscine à Reims qui nous ouvre ses portes deux heures tous les matins. On a un groupe avec le centre d’entraînement régional qui vient s’entraîner avec moi. Pareil, il y a une bonne émulation avec des jeunes qui me poussent quand je suis fatigué.

Aujourd’hui, un triathlète de ton niveau arrive-t-il à vivre de sa passion ?

On peut en vivre même si c’est difficile. Je pense que le Top 30 du classement WTS peut en vivre comme un cadre moyen. On n’est pas des footballeurs mais on n’est pas non plus au RSA. On ne demande qu’à avoir plus de médiatisation au niveau des partenaires. Moi j’arrive à me débrouiller à peu près bien. Certains n’ont pas cette chance, d’autres se débrouillent mieux que moi. Ça se professionnalise mais on sent que c’est encore un sport en développement. Une médaille aux Jeux serait un bon moyen d’attirer les regards. Ça ferait déjà grandir le nombre de licenciés ce qui serait une bonne chose pour le triathlon. »

Propos recueillis par Basile Regoli

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