Il n’avait encore jamais remporté de Coupe du monde et a attendu la dernière de sa carrière, samedi dernier à Tongyeong (Corée du Sud), pour le faire. A 37 ans, Tony Moulai (Poissy) a décidé de mettre un terme à sa carrière internationale à l’instar de ses amies Jessica Harrison et Carole Péon. Terminé le triathlon à haut niveau, le Rhônalpin va prochainement retrouver le chemin de l’école et son métier de professeur d’EPS.

Pour la dernière course internationale de ta carrière, tu as remporté ce samedi la Coupe du monde de Tongyeong. Que représente pour toi cette victoire ?
« En allant en Corée du Sud, je prenais effectivement conscience de la symbolique d’une victoire. Or, la course en elle-même n’a pas été très intéressante et la victoire n’a pas été très émouvante. Néanmoins, le podium et la Marseillaise ont eu une saveur particulière car j’ai eu vraiment la sensation que la boucle était bouclée. Après cinq podiums internationaux, je tenais enfin ma victoire.
Mais honnêtement, c’est en allumant mon ordinateur quelques heures plus tard que je me suis vraiment rendu compte de son impact. Les messages de félicitations sur les réseaux sociaux ne tarissaient pas d’éloges, rendant hommage à ma carrière et à mon parcours visiblement appréciés de beaucoup. Cette victoire représente donc la fierté de ce que j’ai accompli au cours de ces dix dernières années. Aujourd’hui, je peux le dire crânement : oui, je suis fier de ma carrière.
Comment s’est passée cette course dans son déroulement ?
Cette course n’a eu d’intérêt que son dénouement. Il fallait sortir dans le premier pack, contrôler les trois échappées, puis faire la différence à pied. J’étais d’ailleurs assez confiant dans cette troisième épreuve. Le parcours disposant de pas mal de relances, avec un peu de vent, ma tactique était de partir fort pour faire la différence dès le premier 5 km. L’idée était de battre moralement mes concurrents et de leur faire oublier cette première place. En étant déjà à 30 secondes après quatre kilomètres, le groupe de chasse allait donc se résigner à courir pour la deuxième place. J’allais même me rassurer au troisième demi-tour en observant Ryan Sissons, ma principale crainte, à la dérive. Le dernier tour n’était qu’une formalité et me permettait de relâcher la pression. J’ai eu un certain soulagement en franchissant la ligne d’arrivée.
Pourquoi cette décision de mettre un terme à ta carrière internationale ?
Premièrement, je ne me projette pas vers les Jeux de Rio. Or, 2014 marquera le début de la course aux points olympiques. Je ne fais tout simplement pas parti du projet. Cette année était déjà une année bonus. Deuxièmement, le fait de rater tout mon début de saison m’a fait perdre beaucoup de confiance et de plaisir. J’ai lutté pour retrouver le niveau. Je suis beaucoup monté en altitude et finalement, je subissais quand même la loi des plus jeunes le week-end.
En WTS, et pire encore sur le Grand Prix, le niveau est de plus en plus élevé. La moindre baisse de régime vous relègue au-delà de la 20e place. Pas facile à accepter… Enfin, cette spirale négative m’a fait prendre conscience que ces deux olympiades m’avaient vraiment fatigué. Désormais, la lassitude me guettait. Inutile donc de s’obstiner. Il est donc temps de tourner la page pour écrire un nouveau chapitre. Et comme je le dis souvent à mes proches, il y a une vie après le triathlon.
A 37 ans, comment expliques-tu ta longévité au haut niveau ?
Tout simplement par une arrivée tardive au haut niveau. Première sélection au Championnat du monde de Gamagori en 2005, à l’âge de 29 ans, en compagnie d’Aurélien Raphaël (17ans), David Hauss (22 ans) ou Laurent Vidal (22 ans)… Il était vraiment temps que je les laisse tranquille ces petits jeunes !
Avec le recul, es-tu satisfait de ta carrière de triathlète ou celle-ci te laisse-t-elle quelques regrets ?
Je ne suis pas du genre à me retourner pour regretter quoi que ce soit. Ma carrière, c’est comme ma vie, j’en accepte ses victoires tout comme ses défaites. Bien sûr qu’il y a eu des coups durs, et qu’ils ont été momentanément difficiles à encaisser. Maintenant, je laisse les autres en parler. Pour ma part, j’estime qu’ils ne sont rien comparés aux coups durs de la vraie vie. Ce n’est pas pour autant que je me réfugie derrière les formidables émotions que le sport m’a fait vivre. Ma carrière, c’est bien l’ensemble des deux.
Que vas-tu faire désormais en 2014 ?
Dans un premier temps, je veux observer un break afin de me ressourcer. J’ai vraiment besoin de me reposer pour faire le point. Si je vois que je n’ai plus l’envie de continuer, j’arrêterai tout simplement le triathlon. Cependant, j’ai bon espoir de me refaire la cerise et de retrouver de l’énergie. Je disputerai alors des épreuves ‘’plaisir mais plus de Coupes du monde, plus de Championnat du monde, plus de Grand Prix. Je ne me fixe pour l’instant aucun objectif. Je verrai au moment venu. Je précise que si on me voit dans un parc à vélo, ce sera toujours en bleu et jaune. Je suis vraiment fier des valeurs que nous véhiculons au club de Poissy. En outre, je reprendrai mes fonctions d’enseignant en EPS à la rentrée. Retour aux sources donc, car j’ai enseigné de 1998 à 2007 en m’entrainant en parallèle. »

Recueilli par Basile Regoli – Crédit photos ITU

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