Comme en 2012, Mehdi Essadiq (Montpellier), triathlète marocain basé en France depuis maintenant plus de dix ans pour ses études de médecine, va tenter de se qualifier pour les Jeux olympiques de Rio. Il sera ainsi ce dimanche au départ du championnat d’Afrique avec comme objectif de marquer le maximum de points ITU pour remonter dans la hiérarchie mondiale.

« Même si j’ai réussi à passer à autre chose avec le temps, je n’ai pas complètement fait le deuil. » Mehdi Essadiq ne peut cacher l’amertume qu’il a encore en lui. Quatre ans après être passé à deux doigts d’une qualification aux JO de Londres, le triathlète marocain vit toujours avec ce petit goût d’inachevé. Celui de ne pas avoir réussi à aller au bout de son rêve olympique. Ce 31 mars 2012 restera évidemment comme une date sombre dans la carrière de l’ancien sociétaire du Lagardère Paris Racing (2004-2011) et de Versailles (2012-2015).

Ce jour-là, c’est un projet sportif de quatre années qui s’est soudainement envolé. « J’étais 75e au ranking ITU avant le championnat d’Afrique avec pas mal de points d’avance sur mon concurrent direct (le Zimbabwéen Christopher Felgate) pour aller aux Jeux. Si je terminais la course devant lui, c’était bon. Mais, ce jour-là, j’ai fait un malaise à 300m de la ligne d’arrivée… Mon adversaire est alors repassé devant moi au classement et c’est lui qui s’est qualifié », raconte Mehdi, pour qui l’intérêt sportif était passé, après cette course à l’Ile Maurice, au second plan. « J’ai fait un coma ce jour-là donc j’ai surtout été soulagé d’être en vie et de pouvoir continuer à faire du sport. J’ai beaucoup relativisé. »

Quatre ans plus tard, l’étudiant en médecine (spécialité psychiatrie) – il a déjà effectué 4 de ses 8 semestres d’internat – s’est laissé retenter par ce défi olympique. Un peu fou à vrai dire après deux saisons blanches. « Au début de l’internat, je n’avais pas spécialement envie de m’y remettre. Mais j’ai changé d’avis après la coupe du monde de Tiszaujvaros en août dernier, confie Mehdi. Je me suis dit que ça serait dommage de ne pas essayer une nouvelle fois. J’ai donc pris six mois de dispo à partir de novembre pour m’entraîner et essayer de me qualifier. »

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Une reprise de l’entraînement au Maroc en décembre, un stage de deux semaines avec son ami, Pierre Le Corre, en Espagne au mois de janvier et la machine est relancée. « Physiquement, c’est assez vite revenu malgré que j’avais arrêté la natation pendant deux ans. Le plus dur pour se qualifier va surtout être au niveau comptable. J’ai cinq courses pour gagner 150 places », explique celui qui pointe désormais à la 293e place au ranking mondial, ce qui le positionne comme 3e triathlète africain (hors Sud-Africains) derrière le Namibien Drikus Coetzee (276e) et son compatriote marocain Badr Siwane (279e).

Pour décrocher son ticket pour les JO, le néo-sociétaire de Montpellier a devant lui plusieurs opportunités : terminer premier athlète de son continent (hors représentants de l’Afrique du Sud) au classement ITU le 15 mai ou alors décrocher le titre continental, ce dimanche, à Buffalo City (Afrique du Sud) qui donne automatiquement droit à une place pour Rio. « Si on est réaliste, le deuxième critère va être compliqué car les Sud-Africains Henri Schoeman et Wian Sullwald seront là. Même si je pense avoir un meilleur niveau qu’il y a quatre ans, ils seront normalement devant. »

L’objectif premier ce week-end sera donc de finir, cette fois-ci, la course pour marquer de précieux points en vue d’une qualification olympique. Avant de sillonner ensuite le continent africain – Ile Maurice (26 mars), Egypte (2 avril) et peut-être la WTS du Cap en Afrique du Sud (24 avril) – pour que son projet aboutisse. « Pour quelqu’un comme moi, les Jeux olympiques, c’est encore un peu plus un fantasme que pour les pros. C’est mon rêve d’enfance », lâche en guise de conclusion celui qui reprendra, billet ou non pour Rio en poche, ses études de médecine… au mois de mai.

Basile REGOLI – (c) ITU Média

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