Présent ce jeudi à Poissy (Yvelines) pour remettre au club local le trophée Laurent Vidal pour sa victoire au Challenge National Jeune cette année, Philippe Lescure, le président de la fédération française, a gentiment accepté à l’issue de cette cérémonie de répondre à nos questions sur l’actualité triathlétique du moment : annulation du Grand Prix de Nice, bilan des JO 2016, candidature pour Paris 2024, etc. Autant de sujets qui alimentent les débats en ce moment dans le milieu du triathlon. Entretien.

Il a été annoncé en début de semaine l’annulation du triathlon de Nice, support du championnat de France des clubs de 1re division et du championnat de France Groupes d’Ages. Un coup dur forcément pour la fédération mais aussi pour tous ceux qui avaient prévus d’y participer ?

« C’est une grande déception que ne pouvoir organiser cet évènement d’autant que nous avions tout mis en place depuis le début du mois d’août pour que cela puisse avoir lieu. Mais il se trouve que l’Etat, d’une part, et la ville de Nice, d’autre part, ont considéré que les conditions de sécurité n’étaient pas remplies en situation d’état d’urgence. Tout cela fait suite aux évènements tragiques du 14 Juillet. Il faut garder cela à l’esprit. Les pouvoirs publics ont en tout cas essayé de faire le maximum pour que cela puisse avoir lieu. L’ensemble des concurrents seront remboursés de leur droit d’inscription dans la totalité et on va tâcher à ce que cela soit fait dans les meilleurs délais.

Cette décision préfectorale n’est-elle pas arrivée trop tardivement puisque l’évènement était prévu dans une dizaine de jours ?

Il faut bien comprendre que toutes les réunions, jusqu’à celle de jeudi dernier, allaient dans le sens d’une possibilité d’organisation. Il se trouve que ce sont les évènements des derniers jours qui n’ont pas permis de remplir les conditions de sécurité. Maintenant, je ne suis ni préfet des Alpes-Maritimes ni Ministre de l’Intérieur donc je ne connais pas l’état de la menace. Ce n’est pas un élément qui est dans ma possession. Il y a une situation que chacun doit comprendre. On est toujours en état d’urgence. Et on parle d’un évènement qui devait se faire à Nice sur les lieux mêmes d’une tragédie.

Les deux titres de champion de France des clubs seront-ils tout de même décernés cette année ?

La commission sportive va se réunir très prochainement pour statuer sur la validation des classements et les conséquences de ceux-ci pour le haut comme pour le bas du tableau. On devrait normalement se baser sur les quatre étapes disputées. C’est même une quasi-certitude qui devrait être rapidement entérinée. On peut donc imaginer que le club de Poissy sera sacré (chez les filles comme chez les garçons) dans les prochains jours.

Un mot maintenant sur les Jeux olympiques. Peut-on dire, permettez-moi du terme, que Rio a été un échec pour l’équipe de France ?

Quand on affiche une ambition de médaille olympique et qu’on n’atteint pas cet objectif, c’est un échec. Le terme n’est pas galvaudé. Néanmoins, je crois que si nous n’avions pas affiché, après les résultats de Londres, l’ambition de médaille olympique, nous n’aurions pas été dans la réalité de ce que représente le triathlon français. Il y a deux lectures à avoir. Oui, les résultats ne sont pas à la hauteur de l’objectif affiché. Mais il faut bien mesurer la notion de l’échec. Les résultats d’une sélection ne se mesurent pas qu’aux Jeux. Dans les prochaines semaines, nous allons justement ouvrir une sorte de séminaire pour pouvoir dresser un bilan objectif de cette olympiade. Et cela dans tous les domaines, c’est-à-dire notre politique dans les pôles, les structures, notre politique d’accompagnement des athlètes, l’entraînement, etc. Tout cela va être analysé par des entraîneurs d’aujourd’hui et d’hier, des athlètes mais aussi des présidents de ligues et de clubs. Quand on aura dressé ce bilan, on sera en capacité de tirer des enseignements pour des modifications. Car, évidemment, quand un objectif n’est pas atteint, on ne recommence pas de la même manière. Il faut donc que nous réfléchissions comment nous pouvons travailler mieux, différemment, pour atteindre ce fameux objectif de médaille que nous aurons forcément à Tokyo.

Il y a une tricolore qui est tout de même rentrée du Brésil avec une médaille autour du cou, c’est la paratriathlète Gwladys Lemoussu (Ndlr : médaillée de bronze dans la catégorie PT4).

Ça a été un grand bonheur pour elle et pour l’ensemble de la fédération. Cette médaille a une valeur symbolique du fait qu’elle ait été obtenue par une femme et par une paratriathlète. Nous en sommes très heureux. C’est porteur d’avenir pour le triathlon paralympique.

Dans exactement douze mois, nous serons si la France organisera les JO 2024. Où en est le projet concernant l’épreuve de triathlon ?

J’ai rencontré de manière très fréquente, à Rio, Tony Estanguet et Bernard Lapasset qui pilotent le comité de candidature Paris 2024. Nous travaillons d’arrache-pied à cette candidature qui est très importante pour le rayonnement de la France, le développement du sport français en général et bien entendu du triathlon. Aujourd’hui, on travaille essentiellement sur un parcours de natation qui se ferait dans la Seine à Paris. C’est l’objectif numéro un.

Et faudra-t-il attendre 2024 pour que les triathlètes puissent de nouveau nager dans la Seine ?

Pour l’édition 2017 du triathlon de Paris, on ne pourra pas nager dans la Seine. Mais on travaille sur un projet dans le bassin de la Villette qui présente toutes les conditions requises au niveau environnemental mais aussi des infrastructures pour envisager cela. Il y a d’ailleurs eu récemment une course d’eau libre qui s’est faite là-bas. La maire de Paris a promis d’étudier ça très rapidement. Cela serait une belle étape de franchie que d’avoir à nouveau l’ensemble du triathlon qui se fasse dans Paris. Après, l’étape suivante, nous l’espérons en 2018, ce serait de revenir dans la Seine sous une forme de pré-configuration pour les Jeux olympiques. Si nous les obtenons, la donne serait complétement changée. Il y aura bien sûr des nécessités à garantir la qualité des eaux mais je pense qu’il est complétement possible de trouver des solutions pour nager dans la Seine. »

Recueilli par Basile REGOLI

 

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