A 25 ans, le jeune triathlète Medhi Essadiq est bien parti pour décrocher sa sélection pour les Jeux de Londres sous les couleurs du Maroc. Depuis son arrivée en France en 2004 pour y effectuer des études de médecine, le sociétaire du Lagardère Paris Racing a franchi les étapes avec succès, que ce soit sur le plan professionnel comme sportif. Sa présence en Nouvelle-Zélande, ce week-end, pour y disputer la dernière Coupe du Monde de la saison doit lui permettre de marquer de précieux points au classement mondial et ainsi conforter sa place qualificative aux JO. De ses débuts au Maroc aux courses internationales
Baignant dans le sport depuis tout petit, Medhi Essadiq a eu dans sa jeunesse une première approche du triathlon au Maroc. « Cette approche s’est faite aux côtés de mon père quand j’habitais là -bas. Je pratiquais régulièrement mais de manière « sauvage » les trois sports, sans vraiment savoir que le triathlon existait en tant que sport à part entière », se souvient le jeune homme. En 2004, son choix de rejoindre la France pour y poursuivre ses études va être l’occasion pour lui de découvrir certains fondamentaux du triathlon et d’intégrer enfin un club. « J’ai commencé par un stage de deux semaines dans la région de Perpignan auprès d’Yves Médina qui m’a notamment fait découvrir ce qu’était un vélo de course, des cales vélo, du fartlek, des enchaînements ou encore les bases des règles hygiéno-diététiques d’un sportif. »
Son début d’année universitaire à Paris l’amène à rejoindre le prestigieux club du Lagardère Paris Racing sous la houlette de David Bardi. « David a été le premier à me répondre. J’ai donc rejoint la section loisir du Racing Club de France. Pendant les premières années, je m’entraînais de façon très irrégulière du fait de mes études mais je progressais à mon rythme. » En 2007, sa découverte des Grand Prix avec le LP Racing et des courses internationales avec le Maroc sur le circuit ITU le propulsent dans une autre dimension. Celle du haut-niveau. « La découverte du haut niveau s’est faite assez brusquement, sans vraiment avoir eu le temps de poser des bases solides, mais cela m’a permis d’accumuler de l’expérience très jeune. » Malgré une « saison décevante » sur le circuit Coupe du Monde cette année (51e à Monterrey, abandon à Tiszaujvaros et 58e à Lausanne), le sociétaire du LP Racing a fait de gros progrès en course à pied qui se sont fait ressentir sur les coupes continentales (4e à Port Elizabeth, 2e à Mombasa, 9e à Larache et 4e à Agadir) et sur certaines courses en France (4e à Beauvais et 3e à Sartrouville). Sa présence, ce week-end, à la Coupe du Monde d’Auckland (Nouvelle-Zélande) sera l’occasion pour lui de grappiller encore quelques précieux points dans la course aux Jeux. Triathlète et étudiant en médecine Côté études, le jeune homme brille également. Actuellement en dernière année de médecine (DCEM4) à l’université Pierre et Marie Curie de Paris, qui est une année de concours décisive pour le choix de la spécialité et du lieu, Medhi bénéficie par son statut d’athlète de haut-niveau d’aménagements de l’UPMC : « Grâce à cet aménagement, je suis dispensé cette année de stage à l’hôpital et je prépare ce fameux concours sur deux ans au lieu d’un an normalement. » Ses nombreux déplacements à l’étranger pour participer à des compétitions ou des stages l’obligent donc, en cette année olympique, à suivre les cours et les conférences par internet. « Les années précédentes, j’ai naturellement privilégié mes études et je m’entraînais comme je pouvais, sans trop récupérer. » Jusqu’au mois de septembre de cette année, le jeune triathlète organisait donc ses séances d’entraînement en fonction de ses nombreux stages à l’hôpital et de ses cours à l’université. Une journée type bien remplie l’obligeait à nager à 6 heures du matin avec la section natation du LP Racing, d’enchaîner avec le stage obligatoire à l’hôpital en matinée puis les cours à l’université l’après-midi avant de terminer par une séance de course en pied en soirée. « Depuis la rentrée, mon université UPMC me permet de me consacrer entièrement à mon projet olympique jusqu’au mois d’août prochain. J’ai donc depuis essayé de me rapprocher au mieux d’un mode de vie d’un sportif de haut-niveau, surtout dans le domaine de la récupération et dans les à -côtés de l’entraînement. »Londres 2012, le rêve olympiqueSuite à ses résultats prometteurs en triathlon, Medhi a intégré, il y a un an, le programme olympique du Comité National Olympique Marocain. Un programme qui permet aux athlètes marocains, à fort potentiel et susceptible de qualification aux Jeux de Londres, d’être accompagnés dans leur projet olympique. Le Comité prend ainsi en charge 100% des déplacements, du matériel, du suivi médico-sportif et de l’encadrement de l’athlète. « J’ai donc un vrai soutien de la part de mon pays ce qui me permet de prendre le « risque » de mettre en parenthèse mes études pendant cette période pré-olympique et de me consacrer sereinement à mon rêve, explique-t-il. Il y a encore quatre ans, les choses n’étaient pas aussi faciles à gérer pour se préparer aux Jeux. » Pour décrocher son précieux sésame olympique, Medhi aura plusieurs opportunités pour y parvenir : terminer premier athlète africain (non sud-africain) au classement ITU « ce qui est le cas aujourd’hui et qui me semble être l’option la plus abordable au vu de mon niveau actuel », se qualifier à travers le classement olympique grâce aux Coupes du Monde et WCS « mais pour l’instant je suis encore un peu juste en course à pied » ou décrocher le titre continental le 31 mars prochain à l’Ile Maurice qui donne automatiquement une place pour les Jeux Olympiques. « J’aborde donc cette année olympique avec beaucoup d’envie et d’enthousiasme. C’est une opportunité exceptionnelle pour le triathlon marocain et je ferai tout ce qui est en mon possible pour représenter mon pays aux Jeux », confie-t-il.A plus long terme, l’objectif étant pour lui de devenir compétitif sur le circuit mondial ITU. Pour y parvenir, il va prendre la direction de la Réunion cet hiver pour préparer de la meilleure des manières cette année olympique aux côtés de l’international français David Hauss, déjà qualifié pour les Jeux, et de Joël Hauss, son nouvel entraîneur. « Il me faut tout de même rester prudent et ne pas tomber dans l’euphorie. En effet, la tentation est grande, maintenant que j’ai tout mon temps pour m’entraîner, de tomber dans l’excès et le surentraînement, reconnaît-il. Mais je fais confiance à Joël pour me raisonner et trouver la bonne mesure. » Grâce à ses bons résultats de fin de saison, Medhi est passé de la 126e à la 97e place mondiale, avec désormais 250 points d’avance sur son concurrent direct pour la qualification olympique. Avec la détermination et le sérieux dont le jeune homme fait preuve, Medhi a de bonnes chances de se qualifier aux Jeux de Londres en 2012. Mais le chemin est encore long…Basile Regoli

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