Pour un coup d’essai, c’est un coup de maître. Dimanche, pour sa grande première sur le circuit européen, Julien Pousson (Saint-Raphaël) a terminé à une très belle 6e place sur la Coupe d’Europe d’Antalya (Turquie). Un résultat dont le jeune triathlète de 22 ans, qui a commencé le triathlon il y a seulement quatre ans, était loin d’imaginer pour sa première course de la saison. Prochain objectif pour l’élève de Morgan Steinackre : la Coupe d’Europe de Banyoles (Espagne) ce dimanche.

Pour ta première Coupe d’Europe, tu termines à la 6e place. On imagine que ce résultat doit te ravir ?
Effectivement, pour ma première course de la saison et également ma première Coupe d’Europe, je dois dire que je me suis un peu surpris. Le coach n’a pas cessé de me dire ces derniers jours que j’étais capable de faire quelque chose, mais j’avais quand même du mal à y croire. Pour une première, un top 20 m’aurait déjà largement suffit. J’ai passé mon meilleur hiver depuis que je fais du triathlon et je suis content de voir que le travail paye à un moment ou un autre.
A quel moment de la course as-tu senti qu’il y avait un coup à jouer ?
Je savais avant la course qu’il y avait quelque chose à faire. Avec le coach, on avait regardé les résultats et surtout le scénario de la course de l’an dernier. On savait qu’il y avait 90% de chance qu’une échappée se crée en natation.
Comment s’est passée cette course ?
J’ai pas mal travaillé la natation cet hiver qui est mon point fort et j’ai tout donné dès les premiers mètres pour bien me placer. Arrivé à la seconde bouée (au 500m), j’étais en plein dans la cassure. J’ai donc fait l’effort pour recoller au groupe de devant pour ne plus les lâcher jusqu’à la sortie de l’eau. Arrivé à T1, je sors en 8e position et dès les deux premiers tours ça a vissé fort. Les relais revenaient assez vite et nous avons rapidement pris quelques minutes. C’est à ce moment que j’ai compris que la course allait se jouer entre nous dans ce petit groupe. Arrivé à T2, je loupe un peu ma transition ce qui me fait rater le premier paquet avec les gars costauds. Du coup, je suis parti à mon rythme en essayant d’aller chercher les gars un par un. C’est plutôt une satisfaction d’avoir réussi une course à pied régulière à ce niveau car c’est mon point faible et j’ai vraiment cravaché pour tenter de rattraper mon retard sur cette discipline.
Tu as la particularité d’avoir commencé le triathlon très tard, à 19 ans. Comment est venue cette envie de se mettre au triple effort ?
En effet, je suis arrivé un peu par hasard sur le circuit. A l’époque, je faisais du vélo de route dans un club près de chez moi (ES La Garde) et je sortais de dix années de natation au club de Hyères. C’est sur un pari avec un ami triathlète (Alexandre Delbois) que j’ai décidé de participer à l’âge de 18 ans au triathlon de Toulon en format CD. C’est un très bon souvenir même s’il m’a fallu quasiment deux semaines après pour pouvoir marcher normalement… C’est l’année suivante que je me suis inscrit dans un club de triathlon et que j’ai commencé à m’entraîner plus régulièrement.
Comment juges-tu ta progression sur ces quatre années ?
Je pense avoir eu une progression plutôt chaotique, même si la première année s’est vraiment bien passée au sein du Hyères Triathlon. J’étais coaché par un autre ami et ancien triathlète : Pierre Marchisio. Il m’a appris les bases et m’a vraiment transmis sa passion pour ce sport. Pour ça, je ne le remercierai jamais assez. Les deux années suivantes ont été plus difficiles, marquées par des blessures (déchirure au mollet en 2011 et une bursite au genou en 2012). Seuls points positifs, séduit par le projet sportif du club, j’ai signé au Saint-Raphaël Triathlon en 2012 et l’an dernier j’ai décidé de venir emménager à Fréjus. L’occasion pour moi de rejoindre ma fiancée et de me rapprocher de mes partenaires d’entraînement. Avec le recul, je me dis que j’ai peut-être voulu sauter les étapes mais ces blessures m’ont donné le temps de trouver une organisation plus saine dans ma vie professionnelle et personnelle. Cette année, j’ai été épargné par les blessures et j’ai vraiment pu bien bosser cet hiver. Je peux enfin pleinement exploiter mes capacités et m’exprimer à mon meilleur niveau. Pourvu que ça dure !
Quels sont tes objectifs pour cette saison ?
Je n’ai pas vraiment de calendrier bien précis. Au vu des deux dernières saisons mouvementées que j’ai vécu, j’avais décidé en début d’année de ne pas me fixer d’objectif. Je voulais déjà passer un hiver à pouvoir m’entraîner régulièrement. Je pense continuer dans cet esprit-là qui va très bien avec mon tempérament. Ce week-end, je participe à la Coupe d’Europe de Banyoles (Espagne) qui est qualificative pour les Championnats d’Europe U23. Après, on verra. Je serai également au départ des Grand Prix avec mon club de Saint-Raphaël.
Aujourd’hui, comment organises-tu tes semaines d’entraînement avec ton activité professionnelle ?
C’est très simple, j’ai avec moi un petit agenda où chaque semaine j’y marque tout ce que je dois faire. Je dois jongler avec mon travail (25h/semaine) chez Décathlon et les plans d’entraînement que me fait le coach. J’avoue que ce n’est pas facile de tout caser et il m’arrive parfois d’oublier quelques footings ou quelques séances en natation… mais la plupart du temps j’arrive à bien concilier les deux. Il faut dire que Décathlon est assez compréhensif et j’arrive à m’arranger dans mon emploi du temps. Il nous est aussi arrivés plusieurs fois ave le coach de se retrouver à faire des séances sur piste ou en bassin à 6h du matin ou parfois assez tard le soir. Mais au-delà de l’aspect financier, je ressens le besoin d’avoir une activité à côté du triathlon. Cela me permet de ne pas rester enfermé dans mon sport car ça pourrait vite devenir une addiction. Aujourd’hui, je pense vraiment avoir trouvé mon équilibre aussi bien du côté sportif que professionnel et sentimental. Je sais qu’un jour tout cela devra s’arrêter mais aujourd’hui je me donne tous les moyens pour réussir. Je ne me fixe aucune limite.

Propos recueillis par Basile Regoli – Crédit photos St-Raphaël Tri

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