Quintuple vainqueur des France LD, Sylvain Sudrie faisait figure de grand favori pour l’édition 2016, disputée dimanche à Baudreix (Pyrénées Atlantiques). Forfait de dernière minute (suite à une infection cutanée et un traitement qui l’a affaibli), les regards se sont alors tournés vers le vice-champion de France 2015 Arnaud Guilloux (Fred Belaubre ne défendait pas son titre), qui avait fait montre de ses capacités en montagne en glanant le triathlon de l’Alpe d’Huez l’an passé.

C’est finalement l’ex cycliste pro de Cofidis (2008-2012) Jean-Eudes Demaret, qui a créé la (grande) surprise. Après une « rupture conventionnelle » en juin 2015 avec Cofidis, où il officiait en tant que coach, celui qui vit près d’Annecy peut se consacrer complètement à l’entraînement.

Votre victoire a surpris les suiveurs. Vous également ?!

Moi aussi ! Je partais plus pour faire autour de la 5e place. Un podium aurait été génial. Et de fil en aiguille, ça s’est transformé en mieux que ça.

Comment la course s’est-elle déroulée ?

Etant donné que je suis un piètre nageur, j’étais dans les « etc » en natation. Avec les deux sorties à l’Australienne, j’ai pu avoir des temps intermédiaires. Je sors avec 8’15’’ de retard, un peu mieux que prévu – j’avais dit à ma femme que j’allais perdre 9’.

Sur le vélo, j’ai géré au SRM. Je ne me suis pas affolé, mais au pied du Soulor, j’avais déjà repris 3’40’’ en 25 km, sans partir comme une balle. J’ai ensuite fait le col en gérant au SRM, puis j’ai relâché un petit peu sur le retour, car il y avait quand même les 20 km à pied. Mais j’ai repris du temps et j’ai creusé par rapport à Arnaud Guilloux, qui était pour moi archi favori. J’ai posé le vélo avec 3’30’’ d’avance sur lui, et je suis parti sur des bases de 3’50’’-3’55’’ au kilomètre.

Au bout de 10 km, sur l’aller-retour, j’ai compris qu’il fallait encore insister un peu car je n’étais pas sûr que ça puisse passer. J’ai compris que j’avais gagné à 4 km de la fin, sur le dernier “recroisement“. Le cerveau a débranché et j’ai pu savourer tranquillement.

Ce titre représente quoi ?

Ce sont mes premiers championnats de France de triathlon. Je venais plus pour découvrir, c’est vraiment inattendu, d’autant que le format ne me convient pas forcément. Car 3 km de natation, c’est beaucoup trop pour moi. Sur une distance pure half Ironman, je pense que je serais venu avec plus d’ambitions.

C’était mon premier objectif de début de saison, pour prendre des repères sur cette distance pour l’année prochaine. Du coup, ça été un peu plus vite que prévu. Il y a très longtemps, j’aurais pu être champion de France de VTT chez les juniors. Mais je ne l’ai jamais été suite à un souci mécanique. Je ne pensais plus à être champion de France de quoi que soit.

« On a pris conscience de mes capacités sur du longue distance »

Votre gros objectif de préparation, c’est Hawaï en octobre ?

Oui, après je ne me fixe pas d’objectif en particulier. D’abord car je n’ai qu’un Ironman dans les jambes (Vichy, 13e), mon expérience est limitée. Je ne maîtrise pas tout. Ensuite, c’est à l’autre bout du monde, c’est un voyage très fatiguant, sans parler des conditions climatiques, et avec le temps actuel en France, on ne peut pas vraiment s’y préparer.

Je vais là-bas pour découvrir l’évènement, le mythe, le folklo, la natation en mer car je n’ai jamais fait, en plus sans combinaison etc…Je ne recherche rien, juste prendre du plaisir et pourquoi pas faire une bonne surprise par rapport à mes capacités.

Vous avez commencé récemment le triathlon. Vous êtes aujourd’hui dans une logique plaisir ou performance ?

Je me suis remis à faire du sport (début 2014) par manque d’activité physique. Mais quand on quitte le monde pro, c’est un peu difficile de faire du vélo à 100% en amateur. Je voulais faire autre chose que du vélo à 100%. Un ami était partenaire d’un club de triathlon et il m’a dit d’essayer. J’y suis allé pour découvrir une activité que je ne connaissais pas.

Je ne suis pas encore super méticuleux dans mon entraînement. En natation, je ne m’entraîne que deux-trois fois par semaine, et c’est rare que ça dépasse 3 200, 3 300 m.  Mon record, c’est 5’45’’ sur 400 m en bassin de 25 m. Quand je vois que Sébastien Fraysse, c’est 3’48’’, je me dis que je prends une vraie branlée ! Je dois progresser en natation, car je pars de zéro, ainsi qu’en course à pied : je fais beaucoup de footings, mais pas trop de séances de vitesse.

Je trouve le plaisir dans la performance, je ne fais jamais une activité juste pour le fun. Après, je pourrais faire mieux si j’en faisais un peu plus à l’entraînement. On a pris conscience de mes capacités sur du longue distance, et il va y avoir très vite une réflexion  sur les moyens à mettre en place pour progresser, ne serait que sur mes points faibles car ils sont quand même trop élevés pour prétendre à faire mieux à haut niveau. Mais oui, il y a des objectifs qui viennent en tête sur les années à venir, comme Embrun.

Interview : Quentin Guillon.

Photos : Thierry Sourbier.

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