Deux fois deuxième (2014 et 2015), l’Espagnol Victor Del Corral a remporté cette 12e édition dans le sillage d’un gros marathon. De son côté, la Belge Tine Deckers a réalisé une démonstration, claquant le record de l’épreuve sur la partie vélo, et enquille ainsi une cinquième victoire sur la Prom’ des Anglais (2009, 2010, 2012 et 2014), qui avait l’accent cosmopolite en ce dimanche 5 juin.

Ils furent certainement peu nombreux à miser sur un succès de Victor Del Corral, après les 180 bornes de vélo. Cycliste et coureur patenté, l’Espagnol, déjà monté sur la deuxième marche du podium lors des deux dernières éditions, affichait un débours de 7’50’’ en posant le vélo –  il figurait alors en sixième position. Il exposa cependant rapidement ses intentions, claquant le meilleur chrono sur la transition (2’54’’) avant de partir à l’assaut du marathon.

Un marathon entamé en tête par Bertrand Billard, auteur d’une très grosse partie vélo. Le médaillé d’argent de l’IM Vichy l’an passé était sorti de l’eau dans un deuxième groupe, d’une petite dizaine d’unités (Ouilleres, Banti, Cunnama, Van Lierde, Blanchart entre autres), à 2’13’’ du duo Robin Pasteur – Kévin Rundstadler, alors que Del Corral enlevait son bonnet à 5’ !

Transition express et, rapidement, Gwenaël Ouilleres mit les watts, dans les clous par rapport aux bases qu’il s’était fixés. Il distança les hommes composant le deuxième groupe avant de prendre la tête de cette douzième édition au 30e km environ.

Moult rebondissements

Puis Bertrand Billard produit son accélération dans le col de l’Ecre, réduisant promptement l’écart avec l’homme de tête, alors que derrière les écarts devenaient de plus en plus ténus entre une petite dizaine de concurrents, emmenés par James Cunnama.

A mi-parcours, le retard de Bertrand Billard, recouvrant les grandes jambes deux semaines après son jour sans lors de l’Half de Barcelone, s’établissait à 1’35’’, alors que Cunnama se situait en troisième position à 3’45’’ d’Oullières.

Mais en quelques coups de pédale (façon de parler), Billard boucha le trou  dans la côte de Pons. La raison ? Gwenaël Ouilleres commençait à flancher, à cause d’un début d’hypoglycémie. Le double champion du Monde LD envoya ensuite les watts dans la descente, et posa le vélo avec 3’ d’avance sur Cunnuma, Ouilleres à 6’, Schmid à 7’, Van Lierde à 7’10’’, Del Corral à 7’50’’et  Danti à 8’45’’.

Bertand Billard

Bertand Billard

Un écart substantiel, mais pas rédhibitoire pour ses poursuivants, à l’aune de l’insigne challenge que représente le marathon, a fortiori sur un Ironman…

C’est ainsi que Cunnuma se rapprocha dès les premiers mètres. Puis le vainqueur du 70.3 Vietnam prit les devants entre le 12 et le 13e km, sans un regard pour le Français, qui finit par abandonner aux confins du 25e km (comme l’an passé où son abandon avait été prévu avant la course, en raison d’un souci au genou ressenti uniquement en course à pied).

« Le marathon m’a été fatal aujourd’hui. J’ai eu un coup de moins bien terrible au 22e kilomètres, grosse pause au ravitaillement, je vois mes concurrents me passer impuissant, dans l’attente d’un regain d’énergie qui n’arrivera finalement pas » expliqua t-il ensuite sur sa page Facebook.

« Un combat »

15e km, donc. On se dit alors que le Sud-Africain, 4e à Hawaï en 2013, s’élançait vers la victoire. C’était sans compter sur Del Corral, qui opéra un retour de l’arrière et prit la tête de la course au 28e, à l’amorce du dernier tour (le marathon était composé de quatre tours d’un peu plus de dix kilomètres).

Ce fut juste jusqu’à la fin, puisque Cunnuma, toujours en ligne de mire de l’Espagnol, sembla un moment refaire son retard. « J’ai fait une bonne course à pied, mais j’ai eu un moment difficile de 5,6 km, à partir du 23e. Je me suis vraiment battu. J’ai réussi à repartir pour bien finir, mais ce n’était pas suffisant. Victor était juste trop fort. Je pense que je serais content demain, mais là, je suis très frustré » signala le Sud-Africain.

Crédité d’un canon 2h42’28’’ sur le 42,195 km, soit cinq minutes de moins que Cunnuma, Victor Del Corral alla jusqu’au bout de lui-même pour l’emporter de trente secondes –finissant même dans la tente des secours une bonne demi-heure après avoir franchi la ligne d’arrivée. « Je suis très heureux et très fatigué. J’ai eu pas mal de blessures ces deux dernières années et cela a été un combat depuis quelques temps avant de gagner ici. En partant sur le marathon, je me suis mis à mon rythme, en cherchant à être patient, ne pas attaquer trop fort au début, et voir ce que les autres faisaient ».

 

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Une Deckers record

Tine Deckers, elle, n’avait pas grand monde dans le rétroviseur (enfin si, puisqu’à mesure que l’après-midi avançait, de plus en plus de concurrent(e)s s’élançaient pour la course à pied), la Belge ayant abordé le marathon avec une confortable avance : si Leanda Cave et Kate Comber étaient sorties devant de l’eau, cinq minutes devant la Belge, un débours moins conséquent qu’à l’accoutumée qui la ravissait.

Elle eût rattrapé son retard dès le 37e km, avant d’enquiller les bornes à la vitesse grand v, pour signer un nouveau record sur le parcours niçois, en 5h05’03’’ (contre 5h05’22’’ pour Christel Robin en 2009). Des efforts que la lauréate des 70.3 Puerto Rico et Pays d’Aix cette année a sans doute payés par la suite, comme elle le corrobora, mais sa marge était si confortable que personne ne pouvait l’empêcher de glaner un cinquième titre à Nice, à 36 ans.

« Vous n’allez pas me croire mais ça n’a pas été facile du tout aujourd’hui. Au début du vélo, j’ai peut-être roulé trop fort. La course à pied à pied a été dure. Après un tour et demi, je me suis dit que ça serait long ! Mais je suis très contente ».

Ouilleres au mental

Gwenaël Ouilleres, huitième, fut le premier Français, à dix minutes de la victoire, et à cinq du championne du Monde 2013 Frederik Van Der Lierde, trois fois vainqueur à Nice et au pied du podium cette année sur la Promenade des Anglais…quelques semaines après s’être fracturé la clavicule à Fuerteventura.

« Sur le vélo, j’étais dans les temps que je m’étais fixés par rapport à ce que j’avais fait à l’entraînement. J’ai peut-être fait des erreurs d’alimentation. Quand j’ai fait la petite hypo, j’ai levé le pied pour attendre que ça revienne. Quand Cunnuma m’a repris, j’ai essayé de m’accrocher, et puis il a vissé sur les 20 derniers km : j’ai décroché car j’allais laisser de nouveau beaucoup de jus. Je voulais faire un beau dernier marathon et au final je suis loin de ce que je devais faire, c’est un peu décevant » soulignait celui qui escomptait « au moins un podium » et visait un marathon en 2h44’.

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Le sociétaire de l’As Monaco fut même tout proche de l’abandon au semi-marathon. «  Je n’en pouvais plus, je me suis à un moment allongé par terre. Mais je devais aller jusqu’au bout. C’est quand même important de finir cette course pour les gens qui m’aident toute l’année, pour mon club. Je suis forcément déçu mais j’ai besoin de prendre de l’expérience, je suis encore jeune dans cette discipline ».

Ce n’est pas Victor Del Corral et Tine Deckers, docteurs ès expérience, qui le démentiront…

 

 

 

RESULTATS IM Nice : 

Le top 5 masculin :

1. Del Corral (Esp), 8h30’00’’ ; 2. Cunnuman (Afs), 8h30’30’’ ; 3. Schmid (All), 8h33’18’’ ; 4. Der Lierde (Bel), 8h35’36’’ (…) 8. Ouilleres (Fra), 8h40’51’’.

Le top 5 féminin :

1. Deckers (Bel), 9h; 2. Bilham (Sui), 9h29’55’’ ; 3. Cave (Gbr), 9h45’06’’ ; 4. Dimichele (Usa), 0h45’28’’ ; 5. Guinoiseau (Fra),  9h45’38’’.

Tous les résultats de l’IM Nice : cliquez-ici.

Compte rendu complet à lire dans le prochain Trimag.

Texte : Quentin Guillon.

Photos : Thierry Sourbier.

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