Le grand départ est prévu pour jeudi soir. Dans quelques heures, Fabienne Saint-Louis s’envolera pour Rio de Janeiro où elle ira défendre pour la deuxième fois de sa carrière les couleurs de l’île Maurice aux Jeux olympiques. En 2012, elle avait terminé à Londres à la 42e place. La sociétaire du club de Châteauroux a connu lors de ces quatre dernières années une olympiade compliquée. Avec des moments de doute et quelques ennuis de santé. Agée aujourd’hui de 28 ans, la Mauricienne entend bien en tout cas profiter à fond de cette quinzaine. Entretien.

On imagine que comme tout sportif qualifié pour les Jeux olympiques, tu dois être très impatiente à l’idée de partir à Rio ?
« Oui, j’ai hâte d’y être. Je suis super contente de pouvoir y participer pour la deuxième fois. Je pars jeudi soir et arriverai, là-bas, vendredi à 5 heures du matin. Je serai à la cérémonie d’ouverture. C’est quelque chose d’extraordinaire à vivre. J’en garde un souvenir incroyable.

Tu représenteras une nouvelle fois ton pays, l’île Maurice. De combien de sportifs sera composée la délégation mauricienne ?
On sera douze athlètes. J’en connais déjà quelques-uns dont une nageuse que j’avais rencontrée aux Jeux de Londres. On est restées en contact. Il y a aussi un cycliste que je connais depuis longtemps car on était dans le même lycée et une judokate avec qui j’ai fait connaissance lors des derniers Jeux de Commonwealth. Eux sont déjà arrivés au village olympique. J’ai déjà reçu quelques photos de la vue de notre appartement.

As-tu déjà mis les pieds au Brésil ?
Oui, j’ai déjà fait une coupe d’Amérique là-bas il y a deux ans. Ce n’était pas à Rio mais à Vila Velha. Ça s’était plutôt bien passé pour moi. J’avais fait une belle course et terminé à la troisième place.

Ta course est programmée le 20 août. Que vas-tu faire sur place durant les deux semaines à venir ?
Je vais m’entraîner et essayer d’aller voir des épreuves. Avec mon accréditation, je pourrai me rendre à la natation. J’aimerais bien aller aussi au stade d’athlétisme mais je ne sais pas si ça sera possible.

Cela a-t-il été compliqué de repartir sur un nouveau projet de quatre ans après Londres ?
J’ai beaucoup hésité à repartir. J’avais décidé de couper pendant un mois après les Jeux mais, finalement, ça a duré trois mois. C’était dur de se remettre dedans car j’avais l’impression d’avoir mis tout ce que j’avais pendant ces quatre années. Aller aux Jeux, c’était le projet d’une vie. J’avais fait énormément de sacrifices pour atteindre cet objectif. Et puis, il a fallu que j’aille travailler car j’avais besoin de gagner des sous. J’avais choisi un travail à deux rues de mon ancien club, le Lagardère Paris Racing, pour pouvoir aller m’entraîner directement juste après. Mais je n’en avais pas envie en sortant à 18 heures. J’étais trop fatiguée.

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A quel moment as-tu repris sérieusement l’entraînement ?
Au bout d’un an, ça a commencé à vraiment me manquer. Mais j’ai pris la décision d’arrêter de travailler et de préparer Rio à partir du moment où on m’a annoncé, début 2014, que je pouvais bénéficier d’une bourse olympique. Ça a été un gros soulagement car ce n’était plus possible que je finance tous mes déplacements. Même s’il ne restait que deux ans et que le niveau avait beaucoup augmenté, j’avais encore mes chances de me qualifier.

La forme est alors revenue et puis il y a eu ces pépins de santé…
J’ai commencé à être super en forme en fin de saison dernière. J’ai réussi à faire quelques bonnes courses qui m’ont permis de marquer pas mal de points. L’entraînement a été très bon en décembre et en janvier. Au Zimbabwe, je fais au mois de février une belle course. Mais la vie a voulu, ensuite, que je ne puisse pas participer au championnat d’Afrique, la course la plus importante de la saison. Je n’ai pas pu recourir jusqu’à la fin de la période de qualification olympique. J’ai commencé à dégringoler au classement à partir du mois d’avril. Finalement, je suis restée dans les 140 premières mais ça a été chaud. Je crois qu’à deux semaines près, je n’étais pas prise.

Quelles seront tes ambitions le 20 août ?
Au mois de février, je visais de faire mieux que ma place en 2012 (Ndlr : elle avait terminé 42e). Un top 40 était quelque chose qui me semblait accessible. Mais, maintenant, ce que je vise c’est de prendre le départ de me faire plaisir. Je suis allée m’entraîner pendant quinze jours en montagne, à Pra-Loup (Alpes), pour pouvoir faire des bosses. Ça m’a fait les jambes.

Il se murmure que tu pourrais mettre un terme à ta carrière internationale aux JO. Est-ce vrai ?
Je m’étais dit ça à un moment car il est vrai que je commence un peu à saturer au bout de vingt ans de triathlon. Mais je pense que je continuerai encore un peu. Peut-être pas jusqu’aux Jeux de Tokyo mais j’aimerai bien aller aux Jeux du Commonwealth dans deux ans. Ils auront lieu à Gold Coast, en Australie.

Pour finir, un pronostic sur les chances de l’équipe de France à Rio ?
Il n’y a pas de raison pour que Vincent (Luis) n’ait pas une médaille, surtout avec le forfait de Gomez. On en parle moins mais je pense que Pierre (Le Corre) peut aussi monter sur le podium. Pourquoi pas deux Français dessus ? En plus, ils auront un coéquipier de dingue avec Dorian (Coninx). Les filles sont jeunes. Elles vont réussir à faire une belle course mais, pour elles, ça sera surtout pour Tokyo. »

Recueilli par Basile REGOLI

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