Les heures passent, les couchers de soleil se succèdent, les vagues s’éclatent sans discontinuer sur les récifs de Kailua-Kona. Le coup de canon de samedi matin, 6h30 se rapproche, et le Pier et son artère principale, Alii Drive, poursuivent leur métamorphose. Ce matin, l’arche de la Finsih line a été mise en place, les tribunes d’arrivées ont été installées, et les échafaudages qui accueilleront speakers, DJ et autres VIP comment à monter dans un ciel grisâtre. A huit heures, ce fut au tour de la déjantée Underpants Run d’animer le coeur du village de l’Ironman. Cette manifestation a été créée il y a 15 ans par trois triathlètes américains pour se moquer de leurs congénères – européens notamment – qui déambulaient dans les magasins ou les restaurants de Kona dans leur tenue complète de triathlète, plutôt inappropriée au goût de nos cousins d’Amérique. D’où l’idée de créer cette manifestation qui veut que les concurrent(e)s s’offrent un petit tour de ville en sous-vêtements. Une belle opération caritative qui a rapporté, en 14 éditions, près de 100 000 dollars. Une ode supplémentaire, également, au culte du corps déjà bien implanté dans la discipline, et surtout un dernier moment de rigolade et de décontraction avant d’entrer complètement dans la compétition.Aucun triathlète professionnel n’a été recensé sur l’UnderPants Run. Pour cette catégorie aussi, l’appréhension gagne les corps et les esprits. A 11 heures ce matin a eu lieu la conférence de presse, où 5 hommes et 5 femmes étaient conviées, sur les 80 professionnels engagés cette année (50 chez les hommes, 30 chez les femmes). Raynard Tissink, Tim O’Donnell, Marino Vanhoenacker, Andreas Raelert, Craig Alexander chez les hommes, et Marie Beth Ellis, Caroline Steffen, Chrissie Wellington, Mirinda Carfrae et Julie Dibens chez les femmes ont du s’épandre sur leur condition et leur état d’esprit devant un large pare-terre de journalistes, sans pour autant dévoiler tout de leur tactique, faiblesse du moment ou état d’âme. L’occasion pour nous de faire un état des lieux des forces en présence, où le niveau s’est densifié, du fait notamment du nouveau système de qualification par points.Chez les hommes : L’acteur majeur de la course de l’an dernier, Chris MacComarck, n’est pas là . Du moins il n’est pas inscrit, car l’Australien est bien à Kona pour ses sponsors et pour dédicacer son livre I’m here to win… Un poids en moins pour ses adversaires, tant Macca a l’expérience de la course, et tant sa science de la stratégie avait pu déstabiliser ses adversaires l’an dernier. Dans cette situation, Craig Alexander, le meilleur ennemi de Macca, pourrait tirer son épingle du jeu. Récent vainqueur du championnat du monde 70.3 à Las Vegas, l’Australien semble en pleine possession de ses moyens. L’an dernier, j’avais fait la course parfaite, mine de rien. Cela avait été une course très tactique, dont j’avais été la principale victime, mais je n’avais pas grand chose à me reprocher. On disait que la course se gagnerait grâce à un 2h40 au marathon, ça n’a pas été le cas… Chaque édition est tellement différente de la précédente que c’est délicat d’imaginer quoi que ce soit expliquait ce matin Crowie. Le niveau ne cesse d’augmenter. Je suis déjà très heureux de faire partie du haut du panier. Je suis assez relax cette année, j’attends samedi sereinement. Tim O’Donnell, représentera, avec son compatriote Chris Lieto, les deux seuls remparts américains face à la déferlante européenne très crainte à vélo. L’Amérique attend depuis 2002 maintenant un successeur à Tim De Boom, dernier vainqueur américain. Je suis très excité à l’idée de courir samedi dira O’Donnell. Je suis dans une super forme, certainement la meilleure que j’ai jamais connue. Mais mon seul souci sera mon manque d’expérience sur cette course, lui qui ne courra ici que son 2e Ironman. L’escadron européen sera largement représenté et pourrait encore dicter sa loi en vélo, et faire tout exploser. C’est de pire en pire, ça roule presque aussi vite que sur les Grands Prix rigole Mike Aigroz qui sait de quoi il parle. En tête de ses énormes rouleurs, outre Lieto (USA), on retrouvera Vanhoenacker (BEL), Van Lierde (BEL), Llanos (ESP), Henning (DAN), Raelert (ALL), AL Sultan (ALL), Weiss (AUT) ou Bockel (LUX). Raelert sera l’un des favoris désignés, après avoir fait 3e en 2009, et 2e l’an dernier. J’en suis maintenant à mon 6e Ironman, et ce que je constate, c’est que je continue d’apprendre à chaque course. Chaque épreuve est pour moi une sorte de bonus. Mes résultats ici en 2009 et 2010 m’ont motivé pour cette année. j’ai réalisé que j’avais le potentiel pur réussir. Et que la majeure partie de la performance passe par le mental…. explique l’Allemand, particulièrement affûté. Mais parions qu’un Henning retrouvé, qu’un Vanhoenacker aussi performant qu’à Klagenfurt où il a réalisé le meilleur temps de l’histoire sur la distance, qu’un Llanos toujours présent, qu’un Pete Jacobs très souvent annoncé dans le trio final, ou qu’un Van Lierde décomplexé pourraient aussi bouleverser la donne.Chez les filles :Toute l’attention se porte sur l’invisible Chrissie Wellington. Après son forfait de dernière minute l’an dernier, la Britannique s’est faite très discrète cette semaine. Toujours difficile à localiser, la triple tenante du titre n’a pas été avare de paroles à la conférence de presse. Sourire forcé, elle a d’abord dû revenir sur l’épisode de l’an dernier. Je considère que si un athlète n’est pas à 100% de ses moyens, il n’a rien à faire sur la ligne de départ. Je n’étais pas à 100% l’an dernier, donc je me suis abstenue. Ce fut une décision très difficile à prendre. Et ce fut un vrai challenge pour moi de revenir à mon meilleur niveau cette année. Mais mes courses – sur l’Arizona notamment – m’ont rassurée. Cette saison, j’ai pris plus de repos, j’ai fait plus attention encore à ma nutrition. Je pense que je suis aussi prête que possible. J’ai absolument tout donné pour être prête samedi. Sauf que sous son pantacourt et ses bas de contention, on distingue facilement de gros emplâtres sur le côté gauche du corps de Chrissie. Le 24 septembre dernier, la Britannique a chuté au cours d’une sortie vélo. Je suis allée à l’hôpital, on ne m’a pas trouvé de fracture. Seulement de grosses égratignures et brûlures explique l’intéressée. Je pense que j’étais aussi bien qu’il y a deux ans avant cet accident. J’ai foi en moi. Je sais que mon corps et mon esprit peuvent être incroyables dans l’effort. Et je n’ai absolument pas perdu mon incroyable envie de regagner à nouveau cette course explique celle qui reste invaincue sur la distance Ironman. Si Wellington tire – involontairement – toute la couverture à elle, cela pourrait profiter à Mirinda Carfrae, tenante du titre, qui voit toute la pression reposer sur son adversaire. Je sais que je dois faire ma course, et ne pas m’occuper de la course des autres explique la petite Australienne. Il y a tant de filles qui peuvent réussir…. Julie Dibens, par exemple. 3e l’an dernier, la grande Britannique devrait faire le numéro à vélo, même si elle se dit pas à 100% après avoir couru les Mondiaux 70.3. Dibens, la meilleure cycliste de toutes, attend sa première confrontation avec Wellington avec impatience. Pour son 3e ironman seulement, elle aimerait prouver qu’une pure cycliste peut l’emporter. Comme Stadler chez les hommes en 2004. Quant à Caroline Steffen, elle se demande si elle sera capable de courir aussi vite que l’an dernier. Mais une chose est sûre : je préfère largement ces conditions de chaleur au froid de Francfort par exemple. C’est en tout cas un point qui ne va pas me déranger…La bataille devrait encore être exceptionnelle dans les champs de lave samedi matin. Pensons aussi à nos Français les plus cotés : Patrick Vernay, Cyrille Viennot, mais aussi Lionel Roye, DFF, et Nicolas Hemet, qui pourraient s’approcher des tous meilleurs.Rendez-vous sur notre Page Facebook pour donner vos pronostics et gagner un cadeau surprise pour celui ou celle qui se rapprochera le plus des podiums finals !Luc Beurnaux – Photos Thierry Sourbier

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