Tout ce qui ne tue pas rend plus fort. Blessé gravement suite à un accident de vélo en janvier, Cyril Viennot (Beauvais) a pris le temps de se reconstruire pour revenir encore plus fort qu’avant. Il a surtout tenté un incroyable coup de poker en s’alignant au départ de l’Ironman du Royaume-Uni pour essayer d’arracher in-extremis sa qualification pour Hawaii. Résultat : une victoire pour son grand retour sur le circuit et un billet direct pour Big Island en fin de saison. Interview.

Qu’as-tu ressenti en passant cette ligne d’arrivée en vainqueur ?

« De la fierté, mais aussi la satisfaction de récolter enfin les fruits de mon travail de ces derniers mois. J’ai davantage ressenti ça pendant la course qu’au moment de passer la ligne d’arrivée. Je me suis entraîné très fort pour retrouver mon niveau en sortant de belles séances. Ça a fini par payer.

Avant la course, tu disais craindre un peu le marathon. Ces doutes se sont finalement envolés au fil de la course ?

Je m’attendais à un marathon compliqué car je n’avais réussi à courir qu’à 14,5 km/h à Troyes et à 15,5 km/h à Gravelines les semaines précédentes. Maintenant, quand on se retrouve devant, ça aide beaucoup. Les sensations lors du premier semi-marathon ont été très correctes. Après, la fatigue s’est installée petit à petit. Je savais que ça revenait fort derrière donc je suis resté très concentré pour éviter d’avoir une défaillance. Je n’ai vraiment savouré qu’à la dernière minute.

Cette victoire te permet-elle de valider ton billet pour Hawaii ?

Oui, c’est plié. Je suis remonté à la 25e place du KPR, avec beaucoup de points, donc ça va passer d’autant qu’il y en a trois devant moi qui n’iront pas. Si j’avais terminé à la troisième place dimanche, ça aurait été plus compliqué. Je me serais retrouvé à la 37e place tout en sachant qu’il y a encore des courses le week-end prochain (Ndlr : IM Suisse, IM Lake Placid et IM Canada).

Peut-on dire que cette qualification pour Kona, la quatrième de ta carrière, a été la plus difficile à aller chercher ?

Elle a été la plus dure en termes de circonstance mais, au final, il ne m’aura fallu bizarrement qu’une seule course pour me qualifier. Ç’a été beaucoup plus compliqué d’aller à Hawaii l’an dernier. Alors qu’il me suffisait de finir dans le top 10 pour valider mon billet, j’avais bâché à cause de la chaleur à Francfort. J’ai dû m’inscrire deux semaines après à Zürich pour aller chercher ma qualif. La course avait été horrible du début à la fin car j’étais malade. Cette année, c’était un pari à quitte ou double.

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Tu reviens de très loin après ton accident en début d’année…

Au début, je ne pensais même plus au triathlon. Le retour à la maison a vraiment été extrêmement compliqué. Je n’arrivais pas à dormir allonger ou à mettre tout seul mes chaussettes le premier mois. J’ai commencé à refaire tout doucement un peu de sport fin mars. Je me suis rapidement fixé le championnat de France comme course à faire et je me suis mis en tête l’idée de tenter un Ironman le plus tard possible en juillet pour ne rien avoir à regretter. On m’a donné le feu vert pour reprendre ma préparation le 17 avril. A partir de là, l’idée de faire un Ironman a été entérinée. Je voulais sauver la saison.

Quel va être maintenant la suite de ton programme pour les deux prochains mois ?

J’ai quelques courses au programme comme le triathlon M d’Embrun (10 août) et celui de Chantilly (24 août). Je vais aussi participer avec les copains de Beauvais à la finale D3 (31 août). Ce sont des courses que je ferai certainement dans un état de fatigue puisqu’elles vont s’insérer au milieu de ma prépa en août. En septembre, je participerai au championnat du monde Longue Distance si je suis qualifié, sinon je ferai un Half comme cela se fait de manière assez classique. Je resterai en tout cas en France pour me préparer contrairement à l’an dernier où j’étais allé en Espagne.

Viser le top 10 à Hawaii est-il envisageable ?

Ça va dépendre de la natation… On se rend compte que si on ne sort pas de l’eau dans le premier groupe, à l’exception de Sebastien Kienle qui est un excellent rouleur et Bart Aernouts un excellent coureur, il est quasiment impossible de rentrer dans le top 10. L’objectif d’ici Hawaii va donc être, déjà, d’essayer de retrouver mon meilleur niveau en natation. J’irai à Kona pour faire un top 15 ce qui permettrait de marquer pas mal de points pour 2015. J’ai envie d’essayer de faire quelque chose de bien l’an prochain.

Tu as fait le choix en 2013 de te mettre en disponibilité de ton professorat d’EPS pour tenter l’aventure du professionnalisme. Quel premier bilan tires-tu un an après ?

Ça change pas mal de choses notamment au niveau de la récupération et aussi au niveau familial. Je suis plus présent désormais. Tant que les résultats suivent, ça va continuer comme ça. »

Recueilli par Basile Regoli

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