Tout vient à point à celui qui sait attendre. L’adage est rarement démenti. La preuve avec Anne Tabarant (Saint-Raphaël) qui, à 29 ans, a décroché dimanche dernier sa première médaille internationale – en argent – à l’occasion de la Coupe d’Europe de Genève (Suisse). De quoi faire naître de nouvelles ambitions pour les prochaines années. Rencontre avec celle qui sera également la grande favorite des Championnats de France d’Aquathlon samedi à Metz.Anne, quel était ton objectif en allant à Genève (Suisse) disputer cette Coupe d’Europe ?En venant sur Genève et au vu du profil de la course, à l’avantage des bonne rouleuses, je ne m’étais pas fixée de place mais plutôt venir encore enrichir mon expérience à ce niveau et tester mon état de forme. Je n’en suis pas à ma première Coupe d’Europe. J’ai en effet repris cette année le circuit des coupes continentales en les abordant de toutes autres manières. C’était ma troisième Coupe d’Europe de la saison après Cremone (9e) et Istanbul (4e). Comment s’est déroulée la course ?Tout d’abord, les conditions de course furent très difficiles. En effet, un fort vent à transformer le lac en mer houleuse ce qui donna une natation très technique. A la fin du premier des deux tours natation, un petit groupe de six filles s’est détaché, parmi lesquelles je me trouvais. Nous sommes sortis de l’eau avec une avance de 45 » sur les premières poursuivantes. Le début vélo fut également très intense pour entamer le premier des six tours le plus rapidement possible. Le vent fut aussi un ennemi sur la partie cycliste. C’est au troisième tour, dans la descente, qu’une Italienne fit un écart et nous décrocha du paquet. Le fort vent de dos nous empêcha de rentrer dans le paquet et la jonction fut impossible. Nous avons donc exécuté deux tours seules avant d’être rejointes par Charlotte Morel. Dans le dernier tour et étant bien organisées, nous avons réussi à reprendre une des quatre échappées et continuer à accélérer pour rentrer au parc en quatrième position avec deux minutes de retard sur les trois filles de tête. Sur le 10km, on m’a donnée régulièrement les écarts et j’ai ainsi pu voir que je revenais assez bien sur la troisième puis la seconde. Sarrissa De Vrires ne fut pas accessible, surtout avec un retard de deux minutes à la transition vélo. Pourquoi avoir attendu la saison 2012 pour participer enfin à des Coupes d’Europe ?Je n’en étais pas à ma première tentative de participation à des Coupes d’Europe. En 2007, j’ai coupé un peu avec le triathlon suite à une lourde chute en vélo sur une Coupe d’Europe en Pologne (rupture des ligaments croisés, écrasement du quadriceps, un bon traumatisme vis à vis du vélo et surtout une longue période de rééducation). Par la suite, l’envie ne m’a jamais quittée mais avant de reprendre ce type de course je souhaitais pouvoir retrouver un équilibre professionnel et une structure d’entrainement adéquat à mon profil. Désormais c’est chose faite.Tu joues cette année les premiers rôles en Coupe d’Europe (4e à Istanbul, 2e à Genève) mais également sur le Grand Prix (12e à Paris notamment). Comment expliques-tu cet enchaînement de bons résultats ?J’ai d’une part depuis deux ans un poste au sein du service des sports de la Ville de Saint-Raphaël. En effet, je travaille au stade nautique de la Ville avec une mise à disposition sur le club pour m’occuper du groupe régional et de l’école de tri. Cette responsabilité sur ses deux groupes m’a donné un équilibre professionnel qui y est pour beaucoup dans cette réussite. J’ai donc pas mal d’heures pour m’entrainer mais également pour entrainer et pour essayer de retransmettre ma passion au plus ou moins jeunes. Cette relation avec le service des sports me permet d’avoir également une certaine sérénité pour l’évolution de mes saisons. Je remercie d’ailleurs à cette occasion, Mr Chateigner qui est le président du club mais également le directeur adjoint des services de la Mairie, le service des sports et également la ville de Saint-Raphaël qui, par leur confiance, me permette de m’épanouir au mieux dans mon sport.D’autre part, le groupe d’entrainement que l’on possède au sein du club est un avantage considérable pour moi. En effet, le fait de pouvoir tous les jours s’entrainer avec des personnes de sa ville qui partagent la même passion et la même envie et avec une détermination implacable est un plus. J’ai de super sparring-partner à l’entrainement (Raoul Shaw, Pierre-Antoine Guilhem, Camille Donat…) qui me permettent de pouvoir parfois passer sans trop d’encombre de gros cycles d’entrainement. De plus, depuis un peu plus d’un an c’est Morgan Steinackre (mon compagnon de vie) qui a repris le groupe D1 avec tous les entrainements et le suivi particulier pour la quasi-totalité des athlètes. On peut donc dire qu’il me connait parfaitement depuis toutes ses années et que notre mode de fonctionnement me correspond tout à fait.Quels seront justement vos objectifs pour la grande finale du Grand Prix à Nice en septembre prochain ?Nous sommes actuellement à la 6e place du classement général après la 4e étape puisque nous avons perdu deux places sur le Grand Prix de Paris malgré de bonnes prestations individuelles. Seulement un point nous sépare de la 5e place et deux points de la 4e place. Nous alignerons donc notre meilleure équipe pour essayer de reprendre ces précieux points et ainsi terminer dans le premier tiers du classement. L’avantage qu’on aura pour une fois, c’est que nous serons quasiment à domicile et que tous nos supporters seront là .As-tu prévu de participer à d’autres Coupe d’Europe dans les mois à venir ?Actuellement non, j’ai cependant quelques autres objectifs comme les Championnats de France de triathlon, le Grand Prix de Nice… Pour moi, la participation à ces coupes continentales sont un piédestal pour d’autres courses de niveau international, par exemple les Coupes du monde voire plus. Cependant, il faudra très certainement que l’on reprogramme ce type de course si je veux pouvoir prétendre au plus haut niveau. J’avance dans l’âge et je me donne le temps d’une olympiade pour aller au bout de mes capacités et ne rien regretter le jour où j’arrêterai. Les Coupes d’Europe sont donc pour moi un point de départ sur ce long projet sportif.Quel est ton parcours sportif depuis tes débuts dans le triathlon ?J’ai commencé quand j’avais dix ans avec mon père, chez moi à Lourdes, avec les cross, les compétitions de natation et par la suite les compétitions de triathlon. A l’âge de quinze ans, je suis arrivée au Creps de Boulouris en sport étude avec Pierre Houseaux pour faire mes années de lycée. Je suis ensuite partie sur le Staps de Montpellier où j’ai passé deux ans avec Franck Bignet avant de revenir sur le Creps de Boulouris à vingt ans pour passer d’autres formations comme le Beesan. Par la suite, j’ai rencontré beaucoup de problèmes physiques. Des blessures à répétitions ne m’ont pas permis de construire de projet solide durant mes saisons jeunes. Je n’ai participé qu’à trois compétitions internationales en junior : les Championnats du monde junior de duathlon (7e) et de triathlon et les Championnats d’Europe junior (5e). Pour finir, peux-tu nous en dire un peu plus sur le rôle que tu as dans l’encadrement au club de Saint-Raphaël ?J’ai la responsabilité de l’école de triathlon et le groupe régional du Saint-Raphaël Triathlon. J’essaie d’un coté de transmettre ma petite expérience et mes connaissances aux plus jeunes tout en développant de la meilleure manière que possible cette école de triathlon. Il est vrai qu’avec notre région et nos infrastructures, c’est un véritable plaisir. De l’autre côté, j’essaie de donner du plaisir aux plus grands en créant un groupe dynamique, en diversifiant les séances et en donnant au novice le goût du triple effort. Nous avons par ailleurs en deux saisons triplé notre effectif chez les jeunes et les régionaux. Cette progression est une grosse satisfaction du travail accompli. Ce travail me convient en tout cas parfaitement et j’espère pouvoir le pratiquer le plus longtemps possible.Propos recueillis par Basile Regoli

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