La saison internationale a démarré, samedi dernier, avec la manche d’ouverture du circuit WTS du côté d’Abu Dhabi (Emirats arabes unis). Parmi les huit français engagés, certains ont réussi à tirer leur épingle du jeu d’entrée à l’image de Vincent Luis qui est monté sur la deuxième marche du podium. Retour sur les résultats des tricolores avec Stéphanie Deanaz, entraîneur national de l’équipe de France.
Démarrer une saison internationale dès les premiers jours du mois de mars est quelque chose de nouveau pour les triathlètes ?
« C’était une première sortie avec beaucoup de français. Il y a eu un peu de tout avec du bon comme du moins bon. C’est quelque chose d’atypique de commencer la saison dès début mars, mais c’est le jeu quand on veut évoluer à ce niveau-là. Ça demande une manière différente de préparer l’hiver pour être performant à cette époque de l’année.
On imagine que ça doit être une grande satisfaction de voir un athlète français (Vincent Luis) monter sur le podium dès la première manche de la saison ?
C’est un résultat qui nous fait très plaisir. On l’espérait forcément, mais arriver à le réaliser est autre chose. Le voir rivaliser avec les meilleurs mondiaux dès la première course de l’année est une très grosse satisfaction. D’une part par rapport au résultat, mais aussi par la manière de le faire. Vincent a acquis aujourd’hui une maturité remarquable dans sa pratique du triathlon. Il est totalement acteur de sa course qu’il maîtrise de bout en bout. Il arrive à en contrôler tous les paramètres. Son podium n’est pas dû au hasard.
Pour Raphaël Montoya et Audrey Merle, il s’agissait de leur baptême sur le circuit international. Quel bilan peut-on tirer de cette première sortie ?
C’est plutôt encourageant même s’ils ont du mal à se satisfaire d’une 32e place. Maintenant, je n’ai pas en mémoire beaucoup d’athlètes qui ont réussi à tout de suite briller en arrivant sur le circuit hormis Emmie Charayron qui était montée sur le podium à Madrid (en 2010). Pour eux, c’est une sacrée étape à franchir. Ils font encore des petites erreurs qui ne pardonnent pas sur ce type de courses. Être fort physiquement ne suffit pas, il faut également être audacieux. Ils sont en phase d’apprentissage.
Tu t’occupes au quotidien d’Audrey Merle au pôle de Montpellier que tu connais donc très bien. Que lui a-t-il manqué pour espérer un meilleur résultat ?
Sur le moment, j’ai d’abord cru qu’il y avait eu des erreurs en vélo mais finalement ce sont plus des erreurs au niveau de l’hydratation et de l’alimentation. Elle était dans un jour sans. Dès la sortie de l’eau, elle a vraiment subi la course. Elle s’est battue en vélo pour ne pas flancher. A pied, ce n’était pas terrible non plus. Dans l’attitude, ça ne lui correspondait pas. C’était difficile de la voir comme ça du bord de la route.
En terminant quatorzième de la course, la jeune Cassandre Beaugrand a, elle, été au rendez-vous pour sa rentrée ?
Elle continue son apprentissage. Pour elle aussi, le vélo a été difficile et elle a dû s’accrocher pour rester dans le groupe. Derrière, elle n’a pas eu de superbes sensations en course à pied. Mais c’est un peu logique quand on a laissé un peu de jus en vélo. Elle a montré en tout cas de belles choses et, une nouvelle fois, beaucoup de détermination. Ça va dans le bon sens.
Lorsque Carole Péon et Jessica Harrison avaient annoncé leur retraite internationale, certains étaient perplexes sur le niveau de la relève féminine qui tardait à arriver. Ces premiers résultats semblent montrer que les jeunes sont prêts à prendre le relais ?
Je pense qu’il ne faut pas faire l’erreur de vouloir chercher à remplacer tout de suite celles qui sont parties. Ces jeunes progressent vite mais il ne faut pas mettre la charrue avant les bœufs. Il faut leur laisser du temps pour s’aguerrir et apprendre. Elles ont le potentiel mais elles n’ont pas encore l’expérience qu’ont les autres filles déjà présentes sur le circuit. C’est quelque chose qui se gagne au fur et à mesure. On va donc les laisser progresser gentiment.
Peut-on en savoir davantage sur la disqualification de David Hauss après la course ?
Il a frotté sa roue avant avec un autre concurrent et a cassé trois rayons. Quand il a voulu s’arrêter pour changer de roue, il a dépassé la zone de quelques mètres et à dû faire machine arrière. C’est interdit par le règlement.
Quelle analyse fais-tu de la course des autres garçons présents à Abu Dhabi ?
Aurélien (Raphaël) a fait une bonne course. On ne peut rien lui reprocher. Il s’est montré offensif dans l’eau et à vélo, et il s’est battu jusqu’au bout à pied. Anthony (Pujades) s’était fait une déchirure en janvier mais on avait choisi de l’emmener dans le cas où une opportunité, comme une échappée en vélo, se présentait. Avec ses quelques séances de course à pied dans les jambes, il a forcément été un peu juste mais il a fait son boulot. Pour Dorian (Coninx), cette course de rentrée a été un peu délicate pour lui comme l’an dernier. Forcément, sur une WTS ça ne pardonne pas. Mais je ne suis pas inquiète sur son potentiel. C’est juste un petit accident de parcours.
Prochaine étape du circuit dans quinze jours à Auckland (29 mars), avec cette fois-ci d’autres tricolores au départ ?
Oui, on a la chance cette année d’avoir une répartition de nos athlètes un peu partout ce qui nous permet de faire courir tout le monde. Certains sont basés en Europe et d’autres dans l’hémisphère Sud comme Pierre (Le Corre), Simon (Viain) ou Emmie (Charayron). On va voir ce que ça va donner. Etienne (Diemunsch) ne sera très certainement pas au départ de la course car il a été victime d’une petite déshydratation dès les premiers jours de son arrivée là-bas. On retrouvera aussi David (Hauss) qui aura à cœur de prendre sa revanche. »
Recueilli par Basile Regoli