A lâaube de ses 40 ans, quâil aura en juillet prochain, Sebastian Kienle a tirĂ© un trait sur sa carriĂšre Ă lâissue dâune ultime saison, terminĂ©e le 19 novembre dernier. En franchissant sa derniĂšre ligne dâarrivĂ©e en tant que triathlĂšte professionnel Ă Cozumel (MEX), « Sebi » a tirĂ© un trait sur 30 annĂ©es dĂ©diĂ©es au triple effort. « TombĂ© dedans » dĂšs son plus jeune Ăąge, « lâUberbiker » allemand est devenu au fil des ans et des victoires sur le circuit Ironman un monument de la discipline. Sa fidĂ©litĂ© inĂ©branlable Ă ses sponsors, sa bienveillance, ses victoires et son accessibilitĂ© auront fait de lui lâune des icĂŽnes des annĂ©es 2010-2020. A quelques heures de sa 4e place sur le dernier Ironman de sa vie, il nous a accordĂ© un beau moment pour Ă©voquer le passĂ©, le prĂ©sent et lâavenirÂ
Recueilli par Luc Beurnaux
Sebastian, explique-nous comment tu as organisĂ© le calendrier de cette tournĂ©e dâadieux ?
Dison que jâai fait un mix des courses que je nâavais jamais eu vraiment le temps de prĂ©parer et dont je nâavais vraiment profitĂ©. Jusque-lĂ , jâavais toujours le mĂȘme programme tous les ans : Ă savoir lâIronman Francfort, le Challenge Roth, Kona, et les Mondiaux Ironman 70.3 CâĂ©tait vraiment des courses trĂšs importantes pour moi et mes sponsors, et câĂ©tait compliquĂ© de programmer davantage dans une saison. Du coup cette annĂ©e, jâai voulu explorer davantage ce qui se faisait ailleurs. Câest pour ça que jâai couru lâIronman Nouvelle-ZĂ©lande, lâIronman IsraĂ«l ou le Norseman. Mais jâai aussi voulu revenir sur des courses qui mâavaient plu, mais dont je nâavais peut-ĂȘtre pas assez profitĂ©, comme Roth, oĂč je me devais dâaller pour saluer une derniĂšre fois tous mes supporters. Je pense que jâai rĂ©ussi Ă faire un bon mix entre tous ces Ă©lĂ©ments !

As-tu changé des choses dans ta préparation pour cette ultime saison ?
Oui, jâai changĂ© pas mal de choses. Fin 2022, je suis devenu mon propre entraĂźneur car je voulais un peu plus de libertĂ©, et prendre un peu plus de plaisir Ă lâentraĂźnement, avec moins de pression. Bon, cĂŽtĂ© rĂ©sultat sportif pur, du coup, cela a Ă©tĂ© un peu moins brillant et assez dĂ©cevant. Peut-ĂȘtre parce quâĂ lâentraĂźnement, je nâavais pas Ă©tĂ© assez dur avec moi-mĂȘme, je pense. Sur lâIronman IsraĂ«l par exemple, jâĂ©tais en trĂšs bonne forme, mais jâavais Ă©tĂ© un peu paresseux Ă lâentraĂźnement en natation, et je lâai payĂ© cash durant la course !
Emotionnellement, comment as-tu vĂ©cu ces courses dâadieux ?
En rĂ©alitĂ©, ce fut trĂšs dur Ă vivre. LâĂ©quilibre a Ă©tĂ© assez difficile Ă trouver entre le fait de vouloir profiter de la course et de ce quâil y a autour (voyage, siteâŠ) et le fait de rechercher encore Ă ĂȘtre performant, compĂ©titif, et pourquoi pas gagner lâune de ces derniĂšres courses, de donner du fil Ă retordre aux meilleurs athlĂštes engagĂ©s sur la course. Et globalement, on peut dire que jâai Ă©tĂ© un peu déçu de mes performances finales, mais dâun autre cĂŽtĂ© je me dis que câĂ©tait un super moyen de dire au revoir et de remercier tous ceux et celles qui mâont soutenu durant ces annĂ©es, et ne pas le faire uniquement sur une seule grosse course. CâĂ©tait mieux pour moi de faire ces adieux sur la durĂ©e dâune saison, et je ne regrette pas du tout ce choix !

Quand tu regardes en arriÚre, quel regard portes-tu sur ta carriÚre ?
Câest juste incroyable quand je regarde tout ce qui sâest passĂ© durent toutes ces annĂ©es ! Je pense que câest assez rare dans une carriĂšre de sportif dâavoir la chance de vivre une telle longĂ©vitĂ©, comme Jan (Frodeno ndr) aussi lâa vĂ©cu ! Je suis trĂšs reconnaissant pour ça, et tous les problĂšmes physiques que jâai eus cette annĂ©e mâont fait prendre conscience que jâavais eu de la chance de vivre tout ça aussi longtemps ! Ou du moins dâavoir Ă©tĂ© chanceux que la malchance ne mâatteigne pas trop durant ces annĂ©es ! Bon, aprĂšs, si câĂ©tait Ă refaire, je ferais forcĂ©ment des choses diffĂ©remment. Par exemple, je pense quâen natation, rejoindre une structure dâentraĂźnement collectif mâaurait aidĂ© Ă progresser davantage je pense, et Ă prendre plus de plaisir dans lâeauâŠ
Quels sont les meilleurs moments de cette carriÚre ?
Mon meilleur souvenir reste ma premiĂšre victoire sur  les Mondiaux Ironman 70.3 2012 Ă Las Vegas. Câest le meilleur, parce quâaprĂšs un titre mondial comme ça, tu nâas plus lâoccasion de surprendre les adversaires, tu es dĂ©masquĂ©. En 2012, sur cette Ă©preuve, je nâavais pas vraiment dâattentes, et finalement je gagne le titre mondial ! Câest vraiment spĂ©cial comme sensation, que tu ne retrouves plus ensuite !

Te souviens-tu de ton tout premier triathlon ?
Bien sĂ»r que je mâen souviens ! On appelait ça le Fitness triathlon. En fait, tu pouvais nager la distance que tu voulais, rouler la distance que tu voulais, et courir aussi longtemps que tu le souhaitais. Et il nây avait pas de vainqueur, ni de classement. Du coup, ça ne me plaisait pas trop, car je voulais faire la compĂšte avec tout le monde ! Jâai toujours eu cet esprit de compĂ©tition, donc le fitness, le loisir, ce nâĂ©tait pas trop pour moi !
đ RETROUVER LA SUITE ET L’INTEGRALITE DE l’INTERVIEW DANS LE PROCHAIN TRIMAG !