Quelle semaine pour les triathlètes français spécialistes du Longue Distance ! Après la victoire de Jeanne Collonge, mercredi dernier, sur l’Embrunman, c’est au tour de Romain Guillaume de s’illustrer. Trois semaines après une très belle troisième place sur l’Ironman de Lake Placid (Etats-Unis), l’élève de Stéphane Palazzetti s’est en effet offert son premier succès sur le circuit international en remportant ce dimanche l’Ironman de Mont-Tremblant (Canada). De quoi aborder sa préparation pour Hawaï avec une envie et un moral à son paroxysme. Entretien.
Romain, ça y est, tu tiens enfin ta première victoire sur le circuit international. C’est un soulagement ?
Cette première victoire est tout simplement un rêve qui se réalise. J’ai quelques fois été tout proche mais là je la tiens !
Tu as été du début de la course jusqu’à la fin en tête, comment gère-t-on une course seul devant ?
J’avais étudié la start-list avant le départ et je savais que l’Américain Matthew Russel (3e à Cœur d’Alene cette année et 5e au Mondiaux de duathlon LD en 2011) et l’Espagnol Alejandro Santamaria (9e à Francfort cette année) allaient être mes principaux concurrents, ce sont de très bons coureurs. Je savais donc qu’il me fallait de l’avance à la fin du vélo pour pouvoir essayer de contenir leur retour en course à pied. Très honnêtement, j’ai fait une course très sage, surtout en vélo où je n’ai pas grillé mes cartouches inutilement. Je voulais être devant et frais au départ de la course à pied. Jusqu’au 10e km du marathon, j’ai maitrisé ce que je faisais puis j’ai eu une très grosse baisse de régime… Je ne peux pas encore vraiment expliquer pourquoi mais en onze kilomètre j’ai perdu huit minutes ! Là , j’ai commencé à stresser et j’ai donné tout ce que j’ai pu jusqu’à un ou deux kilomètres de l’arrivée.
En juin dernier, tu avais déjà brillé à Mont-Tremblant en remportant le 70.3. Aujourd’hui, tu gagnes l’Ironman. C’est un parcours qui a l’air de te réussir ?
Avec mon petit gabarit, il me faut des parcours plutôt accidentés. C’est pour cela que j’avais coché cette course. Le fait d’avoir fait le 70.3 m’a beaucoup apporté car je connaissais la difficulté de cette course.
On a l’impression que tu as passé un cap important cette saison. Comment l’expliques-tu ?
L’an dernier mon plaisir était de courir et de prendre un maximum d’expérience mais fin aout-début septembre j’ai réalisé que je n’allais jamais être bien performant en continuant ainsi. Mon coach Stéphane Palazzetti a toujours pensé cela mais s’est adapté à ma personnalité et mes envies. Depuis octobre dernier, on va dire que je suis rentré dans une optique de performances et avec Stéphane nous avons planifié de grandes périodes d’entrainement et des périodes de course. Même si aux yeux de certains j’en fais toujours trop, nous essayons d’allier mes envies à la rigueur de mon activité sportive.
Maintenant, on imagine que c’est place à l’entrainement et à la préparation pour Hawaii ?
Je vais prendre une semaine off car je sens que j’en ai besoin physiquement et même mentalement. Même si j’aurai envie de reprendre les entrainements dès aujourd’hui, je sais que le fait d’avoir fait deux Ironmans en un mois (Lake Placid et Mont-Tremblant) m’a enlevé un peu de hargne. A Hawaii, il faudra être frais physiquement et mentalement pour ne rien lâcher. Je retournerai donc doucement aux entrainements lundi prochain puis je ferai l’Half de Royan le 9 septembre. Une belle épreuve selon moi pour me remettre sur les rails d’Hawaii !
Quels seront tes objectifs à Hawaii ?
Cette victoire ne change pas mes attentes à Hawaii, je n’ai pas pris la grosse tête ! Je sais que ma course à pied est encore faible pour performer à Kona, du coup je me mets pas la pression. J’y vais pour apprendre et emmagasiner de l’expérience. Toutefois, j’aimerai bien me rapprocher d’une 15e place ! Quoi qu’il arrive, j’ai rempli mes objectifs de la saison avec une victoire au Tristar de Cannes, une sur le 70.3 de Mont-Tremblant ainsi que sur l’Ironman, une 3e place sur l’Ironman de Lake Placid et trois courses solides au Panama (5e), en Nouvelle-Zélande (4e) et à Melbourne (12e).
Propos recueillis par Basile Regoli