Contrairement Ă Dorian Coninx et Pierre Le Corre, LĂ©o BergĂšre nâa pas rĂ©ussi, en 2023, Ă valider les critĂšres lui permettant dâĂȘtre prĂ©sĂ©lectionnĂ© pour les Jeux olympiques de Paris 2024. MalgrĂ© le fait quâil ne reste quâune place pour deux, il sây projette dĂ©jĂ , avec un plan dâattaque collective pour Ă©liminer les favoris au titre olympique.
Photos World Triathlon
En tant que champion du monde sortant, comment as-tu vécu ce statut de favori en cette saison 2023 ?
Je ne me suis pas considĂ©rĂ© comme favori parce que l’annĂ©e derniĂšre, j’ai gagnĂ© le titre sur une grande finale assez folle et qui s’est jouĂ©e Ă trĂšs peu de points. Un peu comme cette annĂ©e. Pour lâinstant, les Français, on est plus des outsiders. Les favoris sont Alex Yee et Hayden Wilde. Quand ils nous battent, câest dâune ou deux places. Mais quand on les bat, ça veut dire qu’on les a piĂ©gĂ©s sur la partie natation et vĂ©lo, donc on est capable de leur mettre 10 positions d’Ă©cart. C’est comme ça qu’on se retrouve avec des Français champions du monde. On est trĂšs rĂ©gulier. Et sur les grands rendez-vous, on est capable d’aller chercher la victoire et de piĂ©ger les favoris. Maintenant, il faut chercher tout le temps Ă les piĂ©ger, ou plutĂŽt quand ça compte le plus, comme lâĂ©tĂ© prochain.
Quel bilan tires-tu de cette année 2023 ?
Le bilan est trĂšs bon. Passer de champion du monde Ă 3e mondial, c’est une petite rĂ©gression si on fait une analyse brute. Mais moi, j’analyse un peu plus profondĂ©ment cette saison et je vois bien que je suis en train de passer des caps. Ăa a Ă©tĂ© une annĂ©e de transition oĂč j’ai changĂ© d’entraĂźneur en plein milieu. C’est assez excitant. Jâaurais bien aimĂ© partir en vacances avec mon ticket olympique en poche, mais ce nâest pas le casâŠJ’ai fait une super saison et je suis tombĂ© sur deux Français qui sont allĂ©s gratter les places juste devant. Dans les semaines qui arrivent, je vais travailler pour montrer mon meilleur niveau sur le dĂ©but de saison.

Est-ce que tu évoques avec Vincent Luis la derniÚre place de présélectionné ?
Non. On nâen a jamais parlĂ©. Mais ça reste trĂšs sain, et ça a toujours Ă©tĂ© comme cela. On nâest pas lĂ pour se tirer dans les pattes, mais pour que le meilleur soit aux Jeux.
Quels axes souhaites-tu améliorer en priorité ?
Mon niveau Ă vĂ©lo est vraiment au point. Ce que je peux travailler, c’est la coordination avec le reste de l’Ă©quipe de France pour qu’on insiste sur cette portion de la course oĂč on peut faire mal Ă nos adversaires qui sont piĂ©gĂ©s Ă l’issue de la natation. Câest quelque chose qui est Ă faire en tant que collectif. Je suis quasiment assurĂ© d’ĂȘtre dans le premier groupe Ă l’issue de la natation, mais j’aimerais bien encore grappiller quelques places Ă la sortie de la natation pour m’assurer ma place dans l’Ă©chappĂ©e, ce qui nâest pas facile Ă l’heure actuelle, car il y a une trĂšs grosse densitĂ©. Et puis, Ă pied, j’aimerais bien Ă©lever mon niveau d’allure sur le 10 kilomĂštres pour ĂȘtre capable de suivre les tous meilleurs, notamment Alex Yee et Hayden Wilde qui courent un cran au-dessus, et dâĂȘtre capable de finir trĂšs fort sur les derniers mĂštres de la course, ce qui m’a un petit peu manquĂ© ces derniĂšres annĂ©es.
Tu parles de mettre en place un collectif à vélo pour piéger les adversaires, mais en France, quatre triathlÚtes sont capables de devenir champion olympique. Comment le vivez-vous en course ?
C’est ce qui nous a manquĂ©s cette annĂ©e. On nâĂ©tait pas au clair avec l’idĂ©e de prendre la course pour le collectif. C’est quelque chose qui nâest pas facile Ă faire puisque câest un sport complĂštement individuel. Mais l’idĂ©e que j’essaie de transmettre sur ces derniers mois, c’est qu’on peut se servir les uns les autres pour se jouer la victoire entre nous. Alors que si on laisse revenir Alex Yee ou d’autres concurrents qui courent plus vite que nous actuellement, la victoire sera trĂšs compliquĂ©e et ça va tous nous pĂ©naliser. C’est le message que j’essaie de faire passer depuis plusieurs mois. Ăa a Ă©tĂ© assez frustrant sur la premiĂšre partie de saison. MĂȘme sur le test-event, je fais un gros boulot sur le vĂ©lo, mais je ne suis pas du tout relayĂ© par les Français. La mayonnaise a commencĂ© Ă prendre Ă Pontevedra (oĂč sâest disputĂ©e la grande finale) oĂč les gars ont compris qu’en travaillant de la sorte, on pouvait aller chercher des titres mondiaux comme l’a fait Dorian (Coninx). Il y a eu ce petit dĂ©clic Ă ce moment-lĂ et je suis content de voir que les choses Ă©voluent dans le bon sens. On est prĂȘt Ă mettre en place cette stratĂ©gie Ă l’approche des Jeux.
Câest donc toi qui a impulsĂ© cette stratĂ©gie ?
Ce n’Ă©tait peut-ĂȘtre pas la bonne maniĂšre de l’amener, ni le bon moment parce que chacun pensait Ă sa qualification olympique. LâidĂ©e que j’ai essayĂ© de faire passer, c’est que le plus gros risque, ce n’est pas de travailler Ă vĂ©lo, c’est de laisser revenir des gars beaucoup plus dangereux.

Ne pas avoir eu ton ticket pour Paris 2024, est-ce une pression supplémentaire ?
J’aurais prĂ©fĂ©rĂ© aborder cette saison avec ma prĂ©qualification en poche. Mais je sais que je ne suis vraiment pas loin de mon meilleur niveau et que si je lâatteints, jâirai aux Jeux. Ce sera la suite logique des choses. Je ne me concentre pas sur la qualification olympique, car ça nâa jamais Ă©tĂ© un objectif terminal. Mon objectif ultime, câest la course des Jeux. La qualification n’est quâun point de passage obligatoire.
As-tu déjà planifié ta saison prochaine ?
Je vais faire les 3 premiĂšres Ă©tapes de la WTCS : Abu Dhabi (Ămirats Arabes Unis, 8 et 9 mars), Yokohama (Japon, 11 mai) et Cagliari (Italie, 25 et 26 mai). AprĂšs, câest Ă affiner.