Demain samedi à 6h30 (heure locale – 18h30 heure française), les meilleurs ironman (et -woman) professionnels et groupes d’âges, triés sur le volet tout au long de la saison, vont se jeter dans les eaux du Pacifique, depuis le Pier de Kona, lançant les hostilités du 37e Ironman d’Hawaii. Tous les regards seront évidemment tournés, sur la tête de course. Sur ces athlètes capables de nager en moins d’une heure, de rouler en moins de 4h30, et de courir le marathon en moins de trois heures… Une lutte qui concernera trois continents principaux, une bataille rangée entre Europe, Océanie et Amérique. Souvent évoquée, et passée la difficulté d’une natation sans combi néoprène disputée face aux courants parfois perturbants du Pacifique, la partie vélo devrait donner le ton. Passé le demi-tour d’Hawi, la grande explication devrait avoir lieu. C’est souvent à cet instant de la course que les forces – et les faiblesses – se dévoilent. Lorsqu’il faut affronter le vent chaud souvent défavorable, faire l’effort pour revenir sur les meilleurs cyclistes, limiter la casse, ou produire son effort pour tenter de creuser l’écart en perspective du marathon. Norman Stadler aura su le faire en 2006, lorsqu’il porta le nouveau record vélo à 4h18:23, et résista lors de la partie pédestre finale. Depuis, aucun autre triathlète n’a réussi à faire mieux à vélo, et surtout à conserver cet avantage acquis sur deux roues jusqu’à la ligne d’arrivée d’Ali Drive. Car si sortir un temps vélo est indispensable pour viser un podium, réussir un marathon en moins de 3 heures, voire beaucoup moins, est l’autre facteur indispensable à la réussite à Hawaii. La chaleur grandissante sur un bitume surchauffé, le parcours en léger faux plat du bord de mer, et la cocotte minute d’Energy Lab viennent souvent à bout des meilleurs cyclistes, offrant la possibilité aux meilleurs coureurs de refaire leur retard.Depuis la Vieille Europe, on se demandera si l’un de nos représentants pourra enfin s’imposer à de nouveau Hawaii, 7 ans après Norman Stadler. Au rangs des principaux protagonistes, on citera Eneko Llanos. L’Espagnol a réalisé un début de saison tonitruant, avec des victoires à Melbourne et Francfort. Son nouveau coach, Dave Scott, pourrait l’aider à affronter les pièges de Kona. Andreas Raelert, vainqueur en Autrichje cette année, devra trouver l’instinct du tueur pour enfin s’offrir une victoire, après ses quatre places sur le podium ces quatre dernières années. Fred Van Lierde (BEL), lui, pourra compter sur la science et l’expérience de son nouveau conseiller homonyme, Luc Van Lierde (double vainqueur à Kona), pour confirmer sa 3e place de l’an dernier, rasséréné par sa démonstration de force en juin dernier à Nice. Quant à Sebastian Kienle, révélation 2012, il sera plus attendu que l’an dernier, et certainement surveillé de plus près. Il ne pourra pas non plus compter sur l’aide de Marino Vanhoenacker (BEL), formidable rouleur lui-aussi, absent cette année à Hawaii. Côté français, on comptera sur l’abnégation et le talent pédestre de Cyril Viennot, désormais libéré de ses obligations professionnelles, pour espérer décrocher un Top 15, voire un Top 10.Depuis les Etats-Unis, on se posera le même genre d’interrogation. Qui pour succéder à Tim de Boom, dernier vainqueur américain en 2002 ? Chaque année la question se pose. Et la réponse est chaque année plus floue. Andrew Starykowicz semble parti pour faire un show à vélo. Andy Potts sortira certainement dans les premiers de l’eau. Tim O’Donnell pourrait viser un Top 10, rassuré par ses victoires au BRésil et à Boulder Peak. Mais aucun profil ne semble pouvoir accrocher la gagne. Côté Océanie, enfin, on semble toujours aussi bien armé. Si la légende Chris Mac Cormack a rendu les armes et déclaré forfait pour 2013, son meilleur ennemi Craig Alexander veut s’en aller en beauté. A 40 ans, on murmure que le triple vainqueur pourrait faire sa dernière apparition à Hawaii. Mais on l’a vu cette année à Kona plus affûté que jamais. Et il a l’expérience de ses trois victoires – en 6 participations – pour lui permettre d’affronter sereinement tous les scenarii possibles. Le tenant du titre Pete Jacobs, 31 ans, s’est montré confiant et serein ces dernières semaines avant la grande échéance qui l’attend. Blessé en début de saison, il ne fut que l’ombre de lui même à Francfort, où il a marché sur les dix derniers kilomètres du marathon. Une belle course quand même, au vu de ma forme d’alors, et du peu d’entraînement que j’avais répond l’intéressé. Jacobs a rectifié le tir plus récemment aux Philippines, en réalisant le meilleur temps à pied, et en s’imposant il y a un mois sur le 70.3 de Sunshine Coast. Chez les filles, sera-ce enfin l’année de Xena La guerrière, à savoir la Suissesse Caroline Steffen ? Elle croyait bien tenir le bon bout l’an dernier, en survolant la partie cycliste, avant d’être stoppée quatre minutes en prison suite à une pénalité, et d’être vaincue, pour une minute, par Leanda Cave. L’absence de Camilla Perdersen, tout juste sortie du coma suite à une chute en vélo ou de Corinne Abraham, en verve à Melbourne, pourrait faciliter la tâche de la Suissesse. Tout comme la forme en pointillés de la tenante du titre Leanda Cave. Cette dernière a enchaîné les blessures durant la saison, et n’affiche qu’une 13e place aux derniers Mondiaux 70.3. Mary Beth Ellis, en grande forme durant toute l’année, a vu ses espoirs stoppés par une lourde chute en septembre denier. Sa clavicule cassée est juste remise, et la protégée de Brett Sutton, si elle sera bien présente à Kona, devrait accuser logiquement un retard de préparation. Yvonne Van Vlerken, 2e à Roth derrière Steffen, pourrait ainsi tirer son épingle du jeu. Mais la principale adversaire de la Suisesse restera une nouvelle fois l’Australienne Mirinda Carfrae. Si elle arrive à limiter la casse dans l’eau et en vélo, et corrige ses erreurs d’alimentation et d’hydratation de l’an denier, l’élève de Siri Lindley pourrait encore viser la gagne, tant son talent à pied est au-dessus du lot. Aux côtés de ces stars, près de 1500 triathlètes amateurs, triés eux-aussi sur le volet via le système de qualification. La course d’une vie pour beaucoup. Côté français, la délégation est importante. Plus de 70 garçons et filles arboreront le pavillon français. On leur souhaite de profiter un maximum, et de se laisser guider par le plaisir !Course en suivre en live et en français sur www.ironman.comLuc Beurnaux – Photos Thierry Sourbier