Le triathlon a offert ce matin aux yeux du monde entier un visage très spectaculaire, grâce aux 55 filles engagées sur l’épreuve londonienne. Au coeur d’un Hyde Park verdoyant et accueillant, les meilleures triathlètes du monde ont donné un magnifique spectacle, indécis jusqu’aux derniers centimètres du parcours. C’est en effet après visionnage de la photo finish que les officiels ont annoncé officiellement la victoire de Nicola Spirig (SUI), sur la Suédoise Lisa Norden, au millième près, Erin Densham (AUS) prenant la troisième place du podium.La journée avait commencé tôt ce matin pour l’équipe d’organisation, pour nettoyer le Serpentine Lake, au coeur de Hyde Park, et interdire même aux spectateurs affluant en masse de donner à manger aux cygnes, pour préserver un environnement sain aux nageuses qui allaient traverser de long en large le lac, sur 1500m. Les milliers de spectateurs présents sur ce spectacle gratuit – l’un des rares de la grand-messe olympique – allaient s’époumoner en voyant Lucy Hall (GBR) sortir en tête après 18:17. Jessica Harrison débutait en trombe ses JO – elle, la fille de Sheffield – en sortant 7e de l’eau, tandis que Carole Péon laissait 1’10 à la tête (31e temps), et Emmie Charayron 1’30 (43e temps).Un groupe de cinq filles se formait ensuite à vélo, avec Bennett (USA), Hall (GBR), Jensen (DEN), Adachi (JAP) et Rivas (MEX), qui sera vite repris par un second groupe où figure toutes les favorites, et Jess Harrison. Nicola Spirig (SUI) et l’Allemande Bazlen s’employaient le plus parmi les 22 du groupe pour creuser un écart qui allait monter jusqu’à 2’30. Je suis restée en tête car je savais que le parcours pouvait être dangereux et je voulais éviter les chutes dira plus tard Spirig en conférence de presse. Emma Moffat (AUS) en allait être victime, tout comme Kathy Tremblay (CAN). Carole Peon et Emmie Charayron, elles, posaient le vélo avec deux petites minutes de retard sur la tête.Erin Densham (AUS), blessée toute l’année dernière et qui n’envisageait pas forcément une participation aux JO, allait montrer qu’elle méritait son slot, après toutes les controverses entendues en Australie sur la sélection féminine. Pleine d’autorité elle menait un train d’enfer au sortir de la 2e transition. Du groupe initial de 9 personnes, Jess Harrison (FRA) était la première à craquer, et laissait filer ses adversaires. Même punition, un peu plus tard, pour l’Espagnole Murua, l’Américaine Groff puis pour Andrea Hewitt (NZ).Restait donc un quatuor qui allait enflammer les berges de Serpentine Lake. Alors qu’on pensait que la Britannique Jenkins restait en embuscade par pure stratégie, on se rendait compte, à un peu moins d’un kilomètre de l’arrivée, qu’elle était sans doute à son maximum, puisque sous une accélération progressive de Spirig, le grand espoir de tout un peuple allait devoir laisser filer Norden, Densham et la Suissesse. Cette dernière, en pleine confiance après huit victoires d’affilée en autant de courses ces dernières semaines, allait s’offrir un sprint mémorable et s’imposer logiquement au vu de sa saison et de sa domination internationale (3e titre de championne d’Europe cette année, deux victoires sur les Séries du Championnat du monde). Je suis arrivée en pleine confiance, et en pleine possession de mes moyens dira la nouvelle championne olympique. Sportivement, je pense que j’ai atteint le summum de ce que je pouvais espérer. J’ai pu bosser sérieusement toute cette olympiade, avec des semaines de 30 heures, et beaucoup d’intensité. Pas comme en 2008, où je devais d’abord penser à finir mes études dira la Zürichoise de 30 ans, élève de Brett Sutton.
Lisa Norden, grand sourire aux lèvres, ne s’émoeuvait pas outre mesure qu’on ait préféré aller chercher les millièmes pour la départager de la Suissesse, plutôt que de d’attribuer deux médailles d’or comme cela s’est fait dans d’autres sports lorsque le chronomètre ne peut départager les athlètes. Peu importe cette issue, l’important c’est la médaille. Jamais je n’aurais cru être capable de réaliser le podium ici. Et j’ai célébré cette médaille ‘argent comme si j’avais gagné conclura dans un grand sourire la Scandinave.Côté Français, Jessica Harrison termine 9e, Emmie Charayron 18e, et Carole Péon 29e (voir leurs réactions ultérieurement).Par Luc Beurnaux – Photos Jean Marc MouchetRésultats1 N. SPIRIG (SUI) 1:59:482 L. NORDEN (SWE) 1:59:483 E. DENSHAM (AUS) 1:59:504 S. GROFF (USA) 2:00:005 H. JENKINS (GBR) 2:00:196 A. HEWITT (NZ) 2:00:367 A. MURUA (ESP) 2:00:568 E. JACKSON (AUS) 2:01:169 J. HARRISON (FRA) 2:01:2210 K. MC ILROY (NZ) 2:01:28…18 E. CHARAYRON (FRA) 2:02:2629 C. PEON (FRA) 2:03:58