2013 s’achève sur un mois de décembre déguisé en mois d’avril. Pas de grand froid, pas de neige, pas trop de pluie, c’est donc tout naturellement que l’on voit des membres du TSF sur tous les terrains de jeux de la région les courses dominicales, la Forêt Domaniale de Montmorency, les routes du Vexin sans pour autant vider les couloirs de natation de nos piscines. Malgré cette météo pour une fois clémente, pour certains d’entre nous, décembre signe surtout une baisse de motivation et une envie de devenir le meilleur ami du canapé du salon. Il devient de plus en plus dur de sortir seul, impossible d’attaquer des fractionnés, difficile de s’isoler dans le garage pour une séance de home-trainer et pas possible de zapper l’heure de déjeuner pour un aller-retour à la piscine. Les corps ont beaucoup donné cette année, les articulations sont douloureuses et les muscles se raidissent. Les esprits se laissent attirer par les abysses de la flemme comme la Force attira Darth Vader. Besoin de soleil, besoin de vacances, envie de temps en famille et envie de plaisirs différents.
De mon côté, j’ai une grosse envie de flancher mais je me l’interdit pour le moment car je suis inscrit sur une course dont je rêvais depuis des années et il est hors de question que je n’aille pas au bout par manque de préparation. A minuit, le 8 décembre, le départ est donné depuis Saint Etienne pour 75km de course à pied, sur les Monts du Lyonnais en partie enneigés la SaintéLyon fête ses 60 ans et je veux lui souhaiter son anniversaire en personne. La date approchant, je reçois des messages d’encouragement et des invitations à courir pour parfaire mon foncier. Entre potes et sans autre objectif que de passer du temps ensemble, les kilomètres deviennent moins laborieux, les ornières moins cassantes et la boue moins lourde. Fin de sortie dominicale en forêt, le groupe se sépare mais Gégé et Mitch qui ont enchaîné 5 courses en 5 semaines (dont 1 marathon en un peu plus de 3h) m’embarquent pour une séance de côtes histoire de mieux préparer la Sainté. Gérard et Michel sont 2 phénomènes indissociables, voire inséparables car il est difficile de voir l’un sans voir l’autre. Sportifs infatigables, leur tableau de médailles ressemble à une boule à facettes et leurs performances resteront, pour moi, à jamais inattaquables. Avec 21 ans de triathlon à eux deux, ils sont le puits d’expérience dont nous, les rookies, avons besoin pour nous préparer psychologiquement à l’IronMan de Nice. Lorsque le club a proposé de préparer un groupe pour un IronMan, nos deux vénérables anciens ont pas mal hésité avant de s’inscrire mais les souvenirs d’une telle aventure humaine sont remontés à la surface et l’envie de revivre cette vie de groupe les a fait céder. Après, ne vous attendez pas à voir arriver 2 touristes car Gégé bouclera à Nice son 45ième marathon et Mitch fera son max pour arriver à l’heure du tea time , voire un peu avant.
Dans la série cadeau de fin d’année , Auré et JM nous invitent à découvrir de nouvelles sensations et à venir découvrir en courant une partie du domaine forestier … de nuit à la frontale ! Encore une sacrée équipe que le duo Aurélien et Jean-Marc ! Deux loustics devenus des best friends ever en se rencontrant au TSF. Ces deux gars sont vraiment des tarés et aucune idée ne leur paraît assez folle et je vous invite à ne pas les chauffer sur une sortie VTT car, entre la technique acquise avec des années de BMX et la règle sacrée leur interdisant d’utiliser les freins sur leur vélo, ils dévalent les pentes jusqu’à LA gamelle qui renommera le parcours (ex : la descente de l’oreille d’Auré ou celle du soleil de JM ). Ils se complètent tellement, sont devenus tellement proches qu’Auré a demandé à JM de rejoindre sa famille en devenant le parrain de sa petite puce. Autant vous dire tout de suite, ils seront du voyage pour Nice et vous reconnaîtrez Aurélien à sa trifonction aux couleurs du TSF et a sa casquette US vissée sur la tête. Bref, grâce à ces deux mecs, on est récompensé des heures passées sur la piste ocre à enchaîner des 30/30, des 400m et des 3000m. La nuit, on a l’impression d’appartenir à la forêt. Tout est tellement différent, on sent que chaque animal, chaque arbre nous observe et ce sentiment force à l’humilité. Enfin, le faisceau de notre lumière balaie le paysage invisible et secret, dévoilant un univers que notre foulée rend éphémère. On rentre trempés, on a découvert qu’une batterie mal chargée ne tient pas plus d’une demi-heure, les branches fouettent les visages, la boue entre dans les chaussures et les dernières côtes sont douloureuses mais quel pied !!! Nous ne sommes pas encore de retour au parking que le RDV est déjà pris pour la semaine suivante.
Décembre, c’est aussi le mois où le club organise sa course : le Run& Bike de Franconville ainsi que les duathlons des enfants et adolescents. Les courses se courent à guichets fermés et le nombre maximum d’inscrits est atteint depuis déjà plusieurs semaines. Le TSF présente peu d’équipages afin de laisser la place aux invités mais aussi afin d’offrir la meilleure organisation possible. Les années passées, Franconville à toujours offert une belle prestation et cette année encore on compte bien atteindre le même niveau de qualité, d’autant qu’on a promis aux enfants qu’il n’y aurait pas d’incident comme lors de leur premier R& B où insultes, poussettes et fléchages moyens ont laissé un goût amer à nos petits champions.
7h30, le parc fourmille de gilets jaune fluos que le Président nous demande de porter comme Karl en 2008. Installation des barrières, des vestiaires, de la buvette, des rubalises, de la tente des dossards, du podium, de la sono, du parc à vélo, du repérage des parcours pour les ouvreurs,…, chacun s’attèle à sa tâche dans une ambiance bon enfant. En fait, on laisse tout le stress de l’organisation à Pascal pendant que nous profitons de nous retrouver tous ensemble sans course, sans compétition et sans séance de torture sportive. Bref, une journée au grand air entre potes. Comme je m’y attendais, ça papote, ça blague et ça chambre pas mal l’année est finie et on est tous un peu en mode vacances . Je profiterai de cette journée pour passer un peu de temps avec tout le monde et prendre quelques photos. Les femmes nous ont rejoint avec nos kids qui participent à leur course et je me rends vraiment compte à ce moment de ce que nos expérimentés appellent l’esprit de groupe. Petit à petit la cohésion s’installe, le groupe se soude, les femmes se rapprochent pour discuter de leur Nice et les enfants s’imaginent à Kona. En fait, cette journée c’est un peu notre kermesse me dira mon fils plus tard et je pense qu’il a raison.
L’année 2013 se termine sur une baisse de courage mais chacun profite de cette période de fin d’année pour se reposer et tenter de refaire le plein de motivation. Petit à petit, les hommages à Mandela s’effacent des murs Facebook pour laisser place à des photos de l’IM de Nice, à des invitations pour les trails d’hivers, à des défis sur les R& B à venir. Discrètement dans son coin, chacun suit comme il peut les plans de préparation des semaines 50, 51 puis 52 en attendant de commencer pour de bon les 6 mois de préparation dès le 2 janvier et les 10h20 d’entrainement de la semaine 01 !
Je n’oublie pas que je vous avais promis une enquête pour vous expliquer comment on commence le semi-marathon d’un XL en chaussette. Il s’agit donc d’Eddy, un de nos 25 participants qui lors du tri de Gerardmer en 2011 arrive un peu à la dernière seconde et se mélange les pinceaux croyant que le départ de la nage est au même endroit que le parc à vélo. C’est donc naturellement que notre bon Eddy se rend au départ de la natation avec ses running shoes aux pieds et les laisse dans son sac persuadé que celui-ci sera déposé au pied de son vélo. Manque de bol, à la sortie de l’eau, le sac n’est pas là et les bénévoles lui confirment qu’il ne reverra pas ses chaussures avant la fin de la course. Cela ne l’empêche pas de prendre la route à vélo et de réfléchir à une solution. De retour de ses 95km, notre héros file en chaussette jusqu’à la salle où son sac est censé l’attendre. Aucun arbitre ne trouve à redire au fait qu’un coureur soit en chaussette même si c’est la première fois qu’ils voient cela. Au final, le parcours passant le long du village triathlon-expo où la marque K-Suiss tient un stand, Eddy s’y arrêtera en expliquant sa situation au vendeur. Compatissant, celui-ci laissera notre étourdi partir sans payer pour les 21 derniers km. Notre star du jour reviendra remercier et payer ses running à la fin de son épreuve et se verra même offrir une remise de 20%. Une anecdote qui a servi de leçon et qui prouve que le monde du sport amateur a vraiment un excellent esprit.
Cette belle histoire d’esprit sportif me rappelle le jour de mon premier marathon où je suis arrivé à Nice sans chaussures, maillot, short, gels…Bref, les mains vides. Je vous raconterai cette histoire vraie le mois prochain…
Fabrice Emonnet