A 21 ans, Audrey Merle (TCG Parthenay) s’apprête à disputer ses premiers Jeux olympiques. Une course qui n’était au départ pas prévue à son programme pour cet été mais la jeune pensionnaire du Pôle France de Montpellier a été invitée début juillet à remplacer sa compatriote Emmie Charayron, forfait. Elle ira donc à Rio avec l’envie de bien faire et de réussir une prestation la plus aboutie possible. Nous l’avons rencontrée quelques heures après sa deuxième place sur le triathlon de L’Alpe d’Huez qui était sa dernière sortie avant les JO. Entretien.
Audrey, pourquoi ce choix de venir faire une dernière course avant les Jeux olympiques à L’Alpe d’Huez ?
« C’était une belle opportunité pour travailler sur une course qui se rapprochait d’un effort que l’on retrouve sur un CD (Ndlr : Courte Distance) même si les distances ne sont pas exactement les mêmes. En plus de ça, il y avait la montée de L’Alpe qui est assez atypique. C’était un bon entraînement en vue de Rio. J’ai chargé musculairement comme on le dit et c’était le but. J’ai vraiment pris cette course comme si c’était une séance, sans pression particulière.
Voilà maintenant une semaine que tu es en stage à Aix-les-Bains. Tout se passe bien ?
Cette semaine, ça s’est super bien passé. J’ai validé une par une toutes les séances que j’avais à faire. Je commence un peu à ressentir la fatigue, ce qui est normal avec l’accumulation de travail. Je vais continuer à bosser là-bas jusqu’à jeudi. Il y a encore quelques bonnes séances au programme et après ça sera de l’affutage.
Et tu as la chance d’avoir deux copines pour t’accompagner dans cette dernière ligne droite…
Oui, deux super sparring-partners. Ce sont des filles avec qui je m’entends très bien. Jeanne (Lehair) m’apporte un peu de folie. Elle me permet de prendre chaque séance les unes derrière les autres en m’amusant. Elle me fait bien prendre conscience que ça ne sert à rien que je me mette trop de pression. Sandra (Levenez), c’est un peu la maman du groupe. Elle m’apporte son expérience.
Comment est venue cette idée de s’entraîner en Savoie ?
L’idée est venue bien avant de savoir que j’irai aux JO. Je voulais trouver un lieu d’entraînement pour pouvoir préparer les championnats du monde U23. Quelque chose de nouveau car ça devient un peu lassant au bout d’un moment d’être toujours au même endroit. Il a fallu trouver un endroit pour pouvoir faire de la bosse à vélo. Il y avait plusieurs possibilités. C’est une amie australienne qui m’a conseillée Aix-les-Bains. J’ai proposé ça à quelques personnes. Jeanne et Sandra ont tout de suite été partantes.
2e au triathlon de L’Alpe d’Huez
Quels seront tes objectifs à Rio ?
Il n’y a pas d’ambition de résultat ou de place en particulier. Le tout est de faire la course la plus complète possible et de ne pas être déçue à l’arrivée. J’irai là-bas pour prendre un maximum d’expérience pour, peut-être, y retourner dans quatre ans en étant le plus armée possible. Car aux Jeux, il n’y a pas que la course. Il faut aussi arriver à appréhender l’ampleur de l’évènement. C’est encore autre chose qu’un championnat du monde. Et ça, même si on est numéro une mondiale, c’est toujours délicat à gérer la première fois. Autant, donc, que ça soit fait assez jeune pour que l’année où physiquement on a les possibilités de faire une belle place, ça ne soit pas quelque chose qui soit un frein.
Comment vois-tu cette course ?
Le vélo va être vraiment dur mais je pense que la natation peut être aussi sélective. Les filles qui sortiront devant vont tout de suite essayer de mettre un train élevé. Mais, derrière, il y en aura certaines qui font parties des favorites qui vont devoir rouler pour revenir. Il y a donc peut-être une opportunité à saisir si ces filles sortent de l’eau avec moi.
Qui sera, selon toi, sacrée championne olympique ?
Evidemment, je pense à Gwen Jorgensen mais elle va être la cible de beaucoup de filles. Je ne sais pas comment elle va arriver à gérer ça. Elle n’a envie que d’une chose, c’est de pouvoir mettre un terme à sa carrière sur une médaille d’or aux Jeux. Mais il va falloir qu’elle fasse face à Flora Duffy qui va tout faire pour ne pas la laisser remonter à vélo si, jamais, elle a une petite faiblesse en natation. A côté de ça, il y a des filles comme Helen Jenkins, Non Stanford ou Vicky Holland, les trois Britanniques en fait, qui sont solides dans les trois disciplines. Et puis, il y a aussi Andrea Hewitt. »
Recueilli par Basile REGOLI