Rudy Von Berg a franchi un nouveau palier cette saison, confirmant tout son potentiel. Orienté sur le format Ironman 70.3, le belgo-américain prépare minutieusement, sereinement, et progressivement son arrivée sur le format Ironman. Sans brûler d’étapes et avec la tête sur les épaules. Avec en point de mire l’Ironman d’Hawaii, la course qui l’a toujours fait rêver, pour laquelle il semble programmé…

TriMag : Tu as la double nationalité belge et américaine. Explique-nous pourquoi tu es né aux États-Unis : j’ai cru comprendre que ton père, Rodolphe von Berg Sr, qui est Belge, a toujours eu une passion pour les États-Unis et a fait le choix de faire naître ses enfants là-bas c’est ça ?

Rodolphe Von Berg : Oui c’est un peu ça, il a eu une expérience incroyable à l’université et en tant que jeune Professionnel aux États-Unis, et sachant  comment ça fonctionne dans différents pays, ils savaient que ça serait là que nous pourrions allier de sérieuses études avec le sport, chose qui n’est pas vraiment possible en France. Toutefois, ma mère est née aux États-Unis, ainsi que ma grand-mère, donc nous avions déjà un lien avec les USA.

TriMag : Donc tu n’es pas du tout français en fait, sauf que tu as grandi à Grasse. C’est ça ?

Rodolphe Von Berg : J’ai grandi dans le Sud de la France, près de Grasse, où j’ai fait toutes mes études jusqu’à l’université aux USA. Nos ancêtres ont du sang Français, donc de ce coté-là je suis aussi un peu Français !

TriMag : Mais alors quel lien as-tu avec l’Italie ? Tu as longtemps couru pour l’Italie, aussi, non ?

Rodolphe Von Berg : C’est exact, j’ai couru en Junior pour l’équipe nationale italienne parce-que je ne pouvais pas courir pour la France, n’ayant pas la nationalité. Par contre, ma mère est italo-américaine, donc j’ai pu courir pour ce pays. L’Italie étant en outre très proche d’où nous habitions dans le Sud de la France, c’était aisé de prendre une licence dans un club Italien de l’autre côté de la frontière et d’aller faire les courses de sélection en Italie. J’ai été sélectionné dans l’équipe nationale italienne en catégorie Junior après plusieurs podiums sur leur Championnats Nationaux mais je n’ai pas brillé sur les Championnats Européens auxquels j’ai participé. Malgré cela, j’ai eu certains bons résultats qui montraient tout de même que j’avais du potentiel. Je suis ensuite parti aux USA quand j’avais 19 ans, à l’université. Je voulais courir sur les manches de coupe du Monde ITU là-bas, mais la fédération italienne ne me laissait pas courir, même en prenant tout à mes frais ! Suite à cela, j’ai décidé de changer ma nationalité de compétition et de prendre la nationalité américaine, qui me donnait beaucoup plus d’opportunités, via un système plus juste et impartial.

TriMag : À Nice, lors des derniers championnat du monde 70.3, tu connaissais très bien le parcours. D’autant que tu avais gagné la course en 2018 devant Fred Van Lierde. N’empêche que tu as roulé très, très fort, à plus de 48 km/h de moyenne. Tu as d’ailleurs doublé Brownlee, sur la 2ème partie, en prenant clairement un risque dans une descente, qui plus est en virage. Au final Alistair Brownlee revient et tu ne le redoubles pas. Qu’est-ce qui t’a manqué pour aller le chercher à pied ? Était-il vraiment inaccessible pour toi ?

Rodolphe Von Berg : Je connaissais très bien le parcours mais il ne faut pas oublier que j’avais déjà fait la différence avant le Col de Vence et sur la montée du col, sur tout le groupe des favoris. Il n’y avait que Brownlee devant moi à l’entame de la descente (Coursegoules), et j’étais donc déjà 2e de la course. Ensuite, je connaissais bien la descente, et je roule en général toujours assez vite sur n’importe quelle descente, donc j’ai pu créer un écart encore plus conséquent de ce que j’avais déjà avant la descente. Quand j’ai doublé Brownlee sur la descente, ça a donné de belles images, surtout que c’était en live partout et je doublais un double Champion Olympique ! Mais je n’ai pas pris de risques, pour moi c’était normal de passer comme cela, j’ai fait des descentes sinueuses des dizaines voire des centaines de fois à l’entraînement en position aérodynamique. C’est dommage que je n’ai pas pu creuser un écart plus grand sur Brownlee et Iden dans les parties techniques et sur les parties roulantes au milieu, mais il y deux raisons à cela ; d’abord j’allais aussi vite que je pouvais, et j’ai eu pas mal de KOM sur Strava sur ces descentes-là, devant les temps des cyclistes pro de Paris-Nice. Mais aussi, j’ai suivi la règle qu’on nous avait imposé au briefing PRO de ne pas passer la ligne centrale de la route. Je ne l’ai passée que deux fois sur toutes la descentes alors que Brownlee faisait l’accordéon sur toute la largeur de la route. Cela n’aurait pas dû être autorisé, et j’aurais peut-être pu creuser un écart plus conséquent. Mais je ne vais pas refaire la course non plus.

A pied, j’ai peut-être manqué d’un poil de confiance et j’ai accepté la 3e place, ce que j’étais déjà très content d’obtenir. Quand on fait 10ème l’année d’avant et qu’on est 3ème sur un Championnat du Monde, on se focalise là-dessus, de garder cette place, et peut-être moins d’aller chercher la 2e position. J’ai prouvé sur ma dernière course de la saison à Buenos Aires que je pouvais courir vite, avec 1h10’40 sur semi-marathon, ce qui me donne plus de confiance pour la suite et pour les Mondiaux de l’année prochaine.

RETROUVEZ L’INTEGRALITE DE l’INTERVIEW DANS TRIMAG 88 A RETROUVER EN KIOSQUE, OU A COMMANDER ICI

Recueilli par Gaël Couturier – Photo Getty Images

Inscrivez-vous à la newsletter TriMag.

Recevez gratuitement une fois par mois Triathlon Addict, la newsletter des Dingues de Triathlon » et rejoignez la communauté Triathlon Spirit

A lire aussi sur Triathlon Spirit