Jan Frodeno, 40 ans en août prochain, a déjà répondu à toutes les questions qu’on peut imaginer lui poser. Ses saisons ITU, son titre olympique en 2008 à Beijing, en Chine, son passage immédiatement réussi sur longue distance, ses trois titres à Hawaii, ses blessures et ses come-back récurrents sont désormais connus de tous. Pourtant, le longiligne Allemand (1m 94 pour 76 kg) qui nage 1200 km, roule 15 000 km et court 5 000 km chaque année a accepté de se confier à nous. Sera-t-il le premier homme à être quatre fois champion du monde Ironman depuis l’époque bénie de Mark Allen et Dave Scott, chacun sextuple champion du monde ? Était-il vraiment surfeur rebelle enfant ? Qui est-il ? Où va-t-il ? Il nous répond.

Recueilli par Gaël Couturier

TriMag : Jan, vous avez lancé une association caritative là où vous vivez, à Girona, en Espagne, au Nord de Barcelone. C’est vraiment bien quand les athlètes pros ne sont pas seulement centrés sur eux-mêmes et pensent à s’investir dans les communautés dans lesquels ils vivent. Où en êtes-vous de ce projet exactement ?

Jan Frodeno : À l’heure où je vous parle, nous sommes en fin de construction de la piste de pumptrack située dans les environs de Girona, dans une zone où la réalité économique est très éloignée de celle du cyclisme professionnel. Nous allons enfin pouvoir lancer la phase pilote de cette opération. L’idée n’est pas seulement d’offrir une piste de pumptrack en libre accès aux jeunes de la communauté locale mais bien entendu d’aller plus loin et de faire davantage intégrer la pratique fun du vélo dans les écoles environnantes. Vous savez, le triathlon n’est pas un sport aussi cool que le skateboard, le BMX ou le snowboard, ou tous les autres sports qui sont aux X-Games. Alors un pumptrack, c’est un bon moyen d’amener les jeunes à intégrer la pratique du vélo dans leur vie quotidienne. La piste sera ouverte à tous les types de vélo imaginables, pour les élèves de ces écoles et tous ceux qui voudront s’y essayer, bien sûr. J’espère qu’il en naîtra des vocations. Vous n’allez peut-être pas me croire mais, pour moi, la pratique du sport ne se résume pas à la compétition à tout prix. Je pense qu’il est important de ne pas omettre de considérer avant tout le sport comme une façon de s’amuser et d’apporter un équilibre à sa vie de tous les jours. Relativiser l’importance de la compétition, c’est le meilleur moyen de donner au sport la possibilité d’influencer positivement toute une partie de votre existence. Et je suis bien placé pour le savoir, car tout mon équilibre de vie s’est aujourd’hui construit grâce au sport !

TriMag : Vous êtes né en août 1981, mais vous avez passé une partie de votre enfance en Afrique du Sud, de 1992 à 2004. Et votre sport préféré à l’époque, c’était le surf. Qui était votre idole quand vous étiez petit : Kelly Slater, l’Américain 11 fois champion du monde, souvent considéré comme le meilleur surfeur de tous les temps ?

Jan Frodeno : Oui bien sûr. Vous avez vu juste. Kelly, c’était le roi pour moi. Mais juste derrière, il y avait Haile Gebrselassie (l’Ethiopien double champion olympique du 10 000 m, quatre fois champion du monde, quatre fois vainqueur successivement du marathon de Berlin, entre autre choses, ndlr).

TriMag : Pas mal. Quand est-ce que vos coachs, ou vos parents, ont réalisé que vous aviez cet incroyable talent pour le triathlon ? Et vous, vous souvenez-vous du moment où vous vous êtes dit : « tiens, là, je sens que je peux vraiment faire quelque chose dans ce sport » ?

Jan Frodeno : J’ai grandi dans une famille d’intellectuels, mais moi j’étais l’excité de service. J’avais besoin de me dépenser constamment et j’étais donc capable de faire 15 tours tout autour du canapé sans que personne ne me le demande. Je m’en souviens très bien : j’avais à peine 4 ans. J’ai donc toujours été motivé pour faire du sport, même si c’est vrai que je m’y suis mis sur le tard. À Cape Town, je suis tombé amoureux du surf. Mais je ne savais pas vraiment nager car dès que je mettais un pied dans l’eau, c’était avec ma planche. Quand j’ai eu 15 ans ma mère en a eu marre. Elle était peut-être un peu inquiète. Elle m’a inscrite dans un club de natation. Au bout de 6 mois j’allais nager 10 fois par semaine. Je me sentais progresser, je me dépensais, j’adorais ça. Ensuite, j’ai rejoints un club où l’entraîneur était un Hongrois très sévère, très « old school ». Et je lui dois beaucoup. Il a en partie fait de moi l’athlète que je suis aujourd’hui. Apparemment, j’étais déjà un très mauvais perdant. Peu importe à quoi je jouais, si je ne gagnais pas, je piquais des crises de nerf impossibles et balançais tout par terre. J’étais très « enfant terrible » je crois…. En 1999, j’ai rejoints le Clifton Surf Lifesavers en Afrique du Sud. C’est un peu l’équivalent des lifeguards américains et des maîtres-nageurs sauveteurs en mer, en Europe. J’ai alors participé à des compétitions de lifesaving chez moi, sur ces plages d’Afrique du Sud. En 2000, je regarde les JO à la télévision et je tombe amoureux d’un sport de fou : le triathlon. Après quelques courses locales et une première victoire chez moi en Afrique du Sud, j’ai vendu mon vélo et je me suis payé un billet d’avion pour aller faire de la compétition dans la ligue allemande. J’ai fait une belle première saison et j’ai aussitôt rejoint l’équipe nationale allemande des U-23. Je vivais toujours en Afrique du Sud avec mes parents, mais être en équipe nationale Allemande m’a permis de revenir l’été dans mon pays de naissance faire les compétitions européennes. En 2004, j’obtiens une médaille d’argent au championnat du monde U-23 et c’est à partir de ce moment-là que je me suis décidé que je voulais en faire mon métier. J’ai aussitôt déménagé à Saarbrücken près de la frontière belge et je me suis entraîné jusqu’à 45 heures par semaine. Je n’ai jamais cessé depuis. Et me voilà (rires).

LIRE LA SUITE DE L’ENTRETIEN DANS TRIMAG 94 DISPONIBLE ICI

Inscrivez-vous à la newsletter TriMag.

Recevez gratuitement une fois par mois Triathlon Addict, la newsletter des Dingues de Triathlon » et rejoignez la communauté Triathlon Spirit

A lire aussi sur Triathlon Spirit