Le Xterra tricolore a brillé lors des championnats du monde multisports organisés par World Triathlon à Pontevedra (Espagne) fin juin. Chez les hommes, Félix Forissier a décroché le titre en battant Arthur Serrières au sprint. Et chez les femmes, Alizée Paties a été sacrée championne du monde également. De retour en France, Félix Forissier est revenu sur sa victoire, mais a surtout exprimé son regret face au manque d’accompagnement et la faible reconnaissance de la discipline par la fédération française.
Que représente ce deuxième titre de champion du monde ?
Le premier était assez inattendu. J’avais donc à cœur de le refaire pour ne pas me dire que c’était juste une course où j’avais été chanceux. C’était une course que j’avais vraiment cochée dans la saison. Ma saison a bien débuté donc j’avais envie de le concrétiser.
Était-ce particulier de finir au sprint contre Arthur Serrières ?
On a une belle rivalité parce qu’on est amis à côté et on se tire plutôt vers le haut. On s’est donné jusqu’au bout. Et puis terminer au sprint, ce sont des finishes que j’aime beaucoup.
Comment expliques-tu cette domination au niveau du cross triathlon français ?
Je ne l’explique pas forcément. Le cross triathlon est peu développé en France par rapport à certains pays. En Italie, par exemple, la fédération accompagne les athlètes, alors qu’en France, ce n’est pas forcément le cas.
Comment vous accompagne-t-elle ?
En France, on n’est absolument pas encadré par la fédération. Nous devons payer le déplacement, les tenues équipes de France et notre inscription. Le cross triathlon n’est pas du tout accompagné par la fédération (il répète).
Est-ce un regret ?
Pour moi, oui, et c’est une incompréhension. Quand on va aux championnats du monde multisport et qu’on voit que d’autres disciplines, comme le duathlon, qui ont des dotations et qui ont la possibilité d’être sur liste de haut niveau. En cross triathlon, il n’y a aucun critère, donc on ne peut pas avoir accès à la liste ministérielle.
En course à pied, le cross est en discussion pour entrer aux Jeux des Alpes 2030. Que penserais-tu de voir le cross triathlon aux Jeux olympiques ?
J’adorerais ! Après, je ne me fais pas beaucoup d’illusions. Vu ce que la fédération met en place pour nous, ça me paraît peu probable. Mais ce serait un rêve de pouvoir faire les Jeux olympiques.
Vous n’avez pas mené de discussions avec la fédération ?
Non, je n’ai jamais affaire à elle. Le seul moment, c’est quand je dois m’inscrire aux championnats du monde. Je leur envoie un mail pour leur demander s’ils m’autorisent à le faire. Pour ces championnats du monde, je lui avais demandé qu’elle m’aide un petit peu, au moins pour la tenue, mais on m’a répondu qu’elle n’avait pas de budget à nous consacrer. Si le cross triathlon était aux Jeux olympiques, ça changerait énormément de choses.
Le circuit Xterra reste donc primordial pour toi ?
Oui, c’est vraiment le circuit Xterra qui me fait vivre et qui me fait vibrer. Il m’a notamment permis de me professionnaliser, car depuis deux ans je vis du Xterra et du cross triathlon. C’est un super circuit. Les organisateurs ont mis en place une coupe du monde et il y a des championnats du monde et d’Europe de Xterra.
Pourrait-t-on comparer cela au triathlon longue distance où les athlètes sont obligés d’aller dans des circuits privés ?
Oui, c’est exactement la même chose. Pour vivre correctement, il faut qu’on trouve nos propres sponsors. C’est comme pour les triathlètes engagés sur IronMan. Le triathlon longue distance labellisé par la fédération est bien moins reconnu que le label IronMan.
Quels sont tes prochains objectifs ?
J’ai une coupe du monde au Québec (Canada) dans deux semaines. Je vais enchaîner avec deux autres manches, mais l’objectif principal va être les championnats du monde Xterra à Trentin (Italie) fin septembre.
© World Triathlon / Levi YB
Réponse de la Fédération française de triathlon :
Seules les disciplines reconnues de Haut Niveau par le ministère des sports (à savoir le Triathlon Olympique (individuel et relais), le Paratriathlon, le Triathlon Longue Distance, et le Duathlon Courte Distance), donnent lieu à la constitution d’Équipes de France officielles, composées d’athlètes sélectionnés par le DTN, et bénéficiant d’un accompagnement structuré (tenue, staff, prise en charge, etc.).
Cette reconnaissance repose sur des critères objectifs définis par le Ministère, notamment la participation d’un minimum de 15 nations étrangères, sur les Championnats du Monde. Il est important de rappeler que ce n’est pas la Fédération qui décide unilatéralement de cette reconnaissance, mais bien l’État via sa politique du Haut Niveau.
Les autres disciplines (Cross Triathlon, Cross Duathlon, Aquathlon…), bien qu’internationales et parfois très performantes côté tricolore, ne relèvent pas aujourd’hui du Haut Niveau reconnu. De ce fait, les athlètes qui y représentent la France – aussi bons soient-ils – ne peuvent bénéficier d’un accompagnement similaire à celui mis en place pour les disciplines HN. Notre responsabilité consiste alors à organiser la pratique dans de bonnes conditions de sécurité, mais sans pouvoir mobiliser les ressources du Haut Niveau.
Cela n’empêche en rien de valoriser ces performances : les résultats internationaux méritent respect et visibilité, et nous veillons à ce que notre communication institutionnelle les relaient de manière juste et cohérente.
Par ailleurs, dans le respect du cadre fédéral, nous offrons aux athlètes la possibilité d’afficher leurs partenaires privés, leurs clubs ou leurs structures d’entraînement sur leurs trifonctions. C’est une liberté que d’autres fédérations internationales n’accordent pas, et qui témoigne de notre volonté de soutenir les dynamiques locales et individuelles. Notre service communication veille également à offrir un retour d’image non négligeable à ces athlètes via nos canaux officiels, notamment les réseaux sociaux.