Le 28 août dernier, Thibaut Rigaudeau, guidé par Cyril Viennot, s’est classé 4e de l’épreuve de paratriathlon pour déficient visuel (PTVI), à 28 secondes de la médaille. En terminant au pied du podium, forcément, la frustration est présente, mais lui qui a commencé le triathlon en 2018, a déjà le regard fixé sur Paris 2024. Entretien.

Bonjour Thibaut, comment s’est passé cette course olympique ?

 « Globalement, on fait une bonne course. On fait une bonne natation avec les Espagnols dans nos pieds, alors que d’habitude ils nagent devant, et c’est nous qui prenons les pieds. On a essayé d’accrocher les Anglais le plus longtemps possible, mais on savait qu’ils nageaient très fort, et ça a vite lâché. Après, on a fait une transition rapide et on s’est rendu compte qu’on avait le meilleur temps de la première transition. Ensuite sur le vélo, il a commencé à faire très chaud. Au début, ça allait pour tous les deux, on a creusé l’écart sur les Espagnols, qui étaient pour nous nos concurrents directs ; sur les courses, on est souvent avec eux et ils nous battent à chaque fois, mais on n’est jamais loin. Là, on leur a mis 30 secondes à vélo et on a fait le meilleur temps vélo, donc on était très contents. On fait une bonne deuxième transition, avec le deuxième temps derrière les Espagnols. On part en course à pied mais il faisait vraiment très chaud, et on a tous subi. Personnellement, je fais une course à pied pas terrible du tout. Les conditions étaient les mêmes pour tout le monde, mais il y en a qui s’en sont mieux sortis, comme le Japonais qui termine 3e, alors que d’habitude, il se fait reprendre sur la partie course à pied.  Nous, on arrive au pied du podium, donc forcément un peu déçu et frustré, mais dans l’ensemble, je suis quand même content car on finit devant les champions d’Europe et devant des mecs qui sont toujours sur le podium. »

Quel bilan tires-tu de cette exéprience ?

« Le bilan de Tokyo est positif. On n’était pas favoris et on fait une course d’outsider où on fait 4e. Quand tu fais 4, forcément, tu es un peu dégouté de terminer au pied du podium, mais au vu du parcours et du travail fait avec Cyril, moi je suis satisfait, malgré le petit sentiment de frustration qui reste encore, et qui restera je pense. J’étais en bonne forme en arrivant là-bas, j’étais prêt, mais la chaleur a fait que j’ai subi la course à pied et les sensations n’étaient vraiment pas bonnes. On a fait la course qu’on avait envisagée dans notre tête, mais ça n’a pas abouti. Ce n’était que mon treizième triathlon donc c’est quand même pas mal de faire quatrième après seulement deux ans à vraiment s’entraîner. »

Quelle relation entretiens-tu avec ton guide Cyril Viennot ?

« On est proches tout le temps, on s’entend vraiment très bien et ça fait la différence. Je vais souvent chez lui, dans sa famille pour faire des stages. Sa femme s’entraîne aussi avec ma copine qui est malvoyante, et elles vont faire les Championnats de France de Paratriathlon ensemble le week-end du 11 septembre. On partage des moments autres que le triathlon, et s’il n’y avait pas cette relation humaine et que l’on ne s’entendait pas bien, ça ne marcherait pas. On est très chambreurs tous les deux et très compétiteurs, donc ça a très bien matché dès le début. »

Sera-t-il toujours de la partie pour Paris 2024 ?

« Je ne peux pas dire oui tout de suite parce que on est en train d’en discuter. Mais en tout cas, pour cette année post-jeux, il sera avec moi. On discute de ce que lui veut faire, et de ce que moi je veux faire. Dans l’idée, on est partants pour faire Paris ensemble, mais il y a plein de points à voir. Il n’est pas contre, je ne suis pas contre, et on est même tous les deux pour, mais « Advienne que pourra. »

Que vas-tu mettre en place pour Paris 2024 ?

« Déjà continuer de faire des stages régulièrement avec Cyril, ou mon prochain guide, que ce soient des stages personnels ou des stages fédéraux, et peut-être en faire en altitude. Je pense également m’inscrire dans un club de natation afin de me perfectionner. Le but est aussi de rester à Paris pour avoir les infrastructures à côté et être au plus proche de ce qui pourra se faire à Paris en 2024. »

Vas-tu poursuivre ton emploi de masseur-kinésithérapeute ?

« J’ai eu mon diplôme en juillet 2020, et cette année, j’ai mis le travail de kiné entre parenthèses pour préparer les Jeux de Tokyo à fond. Aujourd’hui, je me pose la question si je continue de mettre le boulot de kiné entre parenthèses pour me focaliser à fond sur le triathlon parce que ça me demande beaucoup d’investissements. Ça engendre pas mal de fatigue, et je ne sais pas si le travail de kiné est possible en même temps. En plus de la fatigue physique, moi j’ai la fatigue visuelle qui entre en compte, et avec tous les déplacements, c’est difficile. Je suis en pleine réflexion, et je me laisse jusqu’à décembre pour voir si je mets quelque chose en place comme un mi-temps, ou peut être moins que ça. Je suis vraiment en réflexion en ce moment-même. » 

Dernière question, ton ambition pour 2024 ?

« Si on veut être optimiste, je dirais l’or ; mais déjà concrétiser par un podium à Paris ce serait énorme. Tout le monde progresse et il y a des nouveaux qui arrivent, mais je vais viser l’or et le podium ce sera déjà énorme. »

Propos recueillis par Killian TanguyPhotos Janos Schmidt-Delly Carr / World Triathlon

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