Avec sa tête de premier de la classe, son nez aquilin, ses mèches blondes et rebelles, Kristian Blummenfelt ressemblerait plus à un philosophe existentialiste nordique, prenez Søren Kierkegaard par exemple, qu’à une roquette du courte distance, une machine de guerre de l’ITU, 5e du championnat du monde World Series 2018. Sauf que Kierkegaard, il est danois. Blummenfelt, lui, il est norvégien. Et la Norvège, voyez-vous, elle n’est pas particulièrement réputée pour la qualité de ses philosophes existentialistes. Non. Par contre, elle se fait un nom avec ses athlètes, coureurs à pied ou triathlètes. Et dans le triathlon justement, Kristian Blummenfelt, c’est le fonceur, celui pour qui ça passe, ou bien ça casse. Clairement une tête brûlée. Un showman, actuel recordman du monde sur la distance 70.3.

 

TriMag : J’ai que vous aviez une approche très agressive de vos courses. Mais ça se traduit comment, pour vous, une conduite très « gutsy » ?

Kristian Blummenfelt : Je crois que ça veut dire que je prends des risques. Tout le temps. Ma façon de courir est très agressive. J’essaie toujours d’être en tête, dès le départ. Et si je peux partir, je n’hésite pas. Je le fais. En ITU, vous savez, beaucoup d’athlètes sortent dans le premier pack de l’eau puis restent collés dans les roues sans jamais chercher à s’échapper. Et puis ils finissent en essayant tant bien que mal de se démarquer en course à pied, avec de la chance, ou pas. Je ne trouve pas ça génial. Mais ce n’est pas seulement moi qui pense comme ça. Tous les Norvégiens pensent comment ça. On est un peu différents des autres athlètes. D’abord, il faut dire que dans cette équipe norvégienne, on prend le vélo très, très à cœur. C’est quelque chose d’hyper important pour nous. En course, il faut toujours que nous sortions quelque chose à vélo. Il faut que ces 40 km de vélo tournent à notre avantage. Sans arrêt. C’est notre but. Bon, parfois, bien sûr, on se brûle les ailes….

 

TriMag : Vous accentuez vos efforts à vélo mais au départ vous venez de la natation, vous, non ?

Kristian Blummenfelt : Je viens de la natation oui, mais nager, c’est mon point faible en fait (rires). Quand je participais aux championnats de natation nationaux en Norvège, je finissais toujours dans les derniers. Par contre, quand je me mettais à courir, étonnamment, je n’étais pas si mauvais. J’ai par exemple fini second d’un 5 km en championnat national de Norvège, j’ai gagné des cross aussi, et puis fini second d’un championnat scandinave (qui comprenait le Danemark, la Suède, la Norvège, ndlr).

 

TriMag : D’ailleurs à ce propos, évoquons un peu de la réussite du triathlon et de l’athlétisme norvégien. Je suis sûr que vous connaissez les frères Ingebrigtsen, Jakob, Henrik et Filip qui sont coachés par leur père Gjert. On avait l’impression que la Norvège était une nation calme dans les sports d’endurance, presque trop polie, trop douce, sans grands champions, et puis maintenant il y a vous, il y a ces trois garçons, ces trois frères qui font beaucoup de bruit et mettent en avant des qualités physiques bien sûr, mais aussi des caractères bien trempés, volontaires, plein de confiance. En triathlon courte distance, vous êtes clairement le chef de file mais vos camarades Casper Stornes et Gustav Iden, sans oublier Lotte Miller en féminine, ne sont jamais bien loin. Il y a un nouveau souffle norvégien en ce moment ou quoi ?

Kristian Blummenfelt : Je crois que le moment est en effet opportun pour nous, en triathlon. On est une jeune nation du triathlon, notre équipe nationale n’a été lancée qu’en 2010 et, depuis notre lancement, notre objectif à toujours été de gagner la médaille d’or des JO de Tokyo, 10 ans plus tard. On a démarré jeune, mais on est arrivé aujourd’hui dans la fleur de l’âge. Ce succès, je l’explique aussi par la qualité de nos coachs, de la science qui est derrière notre projet. Je crois que la Norvège est en ce moment très forte pour utiliser les ressources que nous apporte la science appliquée à l’entraînement sportif. Je dirais même qu’on est une des nations leader dans ce domaine. Ça peut vous surprendre, mais je pense vraiment qu’on est au-dessus du lot dans ce domaine. Les autres nations ne font pas assez attention. Nous, si. Quant aux frères Ingebrigtsen, c’est la même chose : leur père s’appuie sur le même mentor que nous, Ørjan Madsen, un ancien nageur norvégien qui avait fait les JO de Mexico (1986, ndlr). Il a d’ailleurs coaché l’équipe allemande olympique dans les années 2000. Mais pas seulement. Ce Monsieur est un mythe en Norvège. Si vous regardez le show des Ingebrigtsen sur YouTube, vous allez comprendre ce que je vous dis. On voit clairement comment ils se servent des analyses de l’acide lactique pour contrôler leurs intensités d’entraînement, notamment. On fait pareil dans le triathlon.

 

INTERVIEW INTEGRALE A RETROUVER DANS LE NUMERO 84 DE TRIMAG DISPONIBLE EN LIGNE ICI

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