Léon Chevalier, pas encore 26 ans, courait ses premiers Championnats du monde Ironman à St George (USA). Il les termine à la 6e place, premier Français, confirmant ainsi ses résultats de 2021, où il avait notamment remporté l’EmbrunMan et l’Ironman Majorque. Peu avant son retour à Bath (GB), où il poursuit des études d’ingénieur, nous l’avons joint au téléphone….

Recueilli par Luc Beurnaux – Photos Getty Images

Léon, comment s’est passée cette expérience en Utah ?

Plutôt pas mal ! Cela faisait 18 ans que je n’avais pas mis les pieds aux Etats-Unis. C’était très différent de la maison, avec un air sec, il faisait très beau, très chaud, et tout est XXL ! On est arrivé 10 jours avant la course, on était super bien logé par mon sponsor nutrition, on a pu rapidement trouver nos repères, bien se remettre du décalage et s’acclimater, reconnaître le parcours. On a rapidement trouvé un bon rythme de vie, cela a permis de se poser, d’être serein pour le jour J, alors que sur les courses européennes, c’est toujours un peu le rush, car on arrive deux ou trois jours avant l’épreuve…

Un Championnat du Monde, c’est différent d’un Ironman « normal » ?

Oui, surtout dans l’environnement de la course, avec tous les médias, toute l’attention qui règne autour de la course, la présence des meilleurs athlètes, de toutes les marques… Tout est boosté à 150% par rapport à ce qu’on connaît habituellement !

Léon Chevalier Ironman World Championship 2021 Utah Vélo

Est-ce que tu t’es senti déstabilisé par cette forme de pression ?

Non, pas trop, c’était sympa de rencontrer enfin des athlètes internationaux qu’on voit sur les réseaux ou sur les tableaux de résultats mais qu’on a rarement l’occasion d’affronter ! Je me suis par exemple retrouvé avec Blummenfelt et Sanders sous une tente après l’arrivée, on était tous les 3 biens cuits, on a bien discuté, ce sont des gars sympas, et c’est cool de voir que chacun est content pour l’autre, même si on est adversaires en course….

« J’ai encore une bonne marge de progression à pied » – Léon Chevalier

Es-tu satisfait de ta performance ?

Terminer 6e pour mes premiers Mondiaux Ironman, je ne peux pas me plaindre !  L’objectif Top 10 était dans mes cordes. La cerise, c’était un Top 5 éventuel. Je voulais juste ne pas avoir de regrets, pouvoir tout donner, sentir que je ne pouvais pas faire plus le jour J. Je crois que le contrat a été rempli. A vélo, j’ai appuyé aussi fort que possible pour espérer revoir la tête de course, mais je n’ai pas vraiment eu les jambes que j’ai pu avoir par le passé, j’étais 20-30 watts en deçà de ce que je peux avoir d’habitude, et ça me paraissait vraiment trop difficile de pouvoir gagner ces watts manquants ; j’ai eu un passage à vide en vélo quand j’ai perdu le contact avec le groupe de Wurf, mais je suis bien revenu à pied. Je suis parti prudemment sur le marathon, mais j’ai fini très fort, et j’ai repris 3 gars dans les derniers kilomètres, donc je finis sur une note positive !

Qu’est-ce qu’il t’a manqué pour espérer jouer le Top 5 ou mieux ?

Je n’ai sans doute pas eu la meilleure des prépas, déjà. J’ai dû jongler avec mes études et un énorme projet sur lequel j’ai bossé, et j’ai dû en même temps m’entraîner au milieu de l’hiver, ce n’était pas facile, pas linéaire. Mais j’ai aussi besoin d’un meilleur départ natation pour être plus proche de la tête à la fin de l’eau, car là, 5’ de retard à la fin des 3800m, ça fait beaucoup. J’ai beaucoup travaillé sur le vélo depuis 18 mois, mais je n’ai pas encore trop bossé course à pied non plus, donc je pense avoir une bonne marge de progression à pied ; il va falloir viser 2h35 si je veux être compétitif, et donc on va bosser ce côté-là. Avec un peu plus d’expérience et d’entraînement, ça devrait pouvoir le faire à l’avenir !

« Pas mal de Pros souhaitent que les Mondiaux changent de site régulièrement, pour avoir des parcours plus intéressants » – Léon Chevalier

As-tu souffert des conditions météo ?

Non pas vraiment. On a eu de la chance le jour de la course. Nous les pros, on n’a pas eu trop de vent en vélo, même s’il s’est levé dans l’après-midi. J’ai eu un peu chaud dur le marathon, mais il y avait des ravitos tous les miles, avec de l’eau et de la glace, donc je n’ai pas trop souffert de ça, même si je finis complètement « cramé » à l’arrivée, car j’ai tout donné jusqu’à la ligne. Dans les derniers 800m, j’avais pensé avoir semé Sam Laidlow et Daniel Baekkegard, mais ce dernier était encore à 10-15 secondes, et j’ai dû relancer, il a enfin décroché là, mais c’était chaud !

Les prochaines échéances, c’est Nice et Kona ?

Nice, Alpe d’Huez et Kona, c’était le programme initial. Pour Nice, je ne suis pas encore sûr à 100%. En rentrant des USA, j’ai deux semaines pour finir mon Master,  donc je vais bosser beaucoup de ce côté-là, et je ne pourrai pas mettre le volume horaire qu’il faudrait à l’entraînement pour être au top pour Nice, donc ce n’est pas encore décidé pour Nice. On verra au dernier moment. L’Alpe d’Huez et Kona, c’est sûr, et entre les deux, je voudrais bien caser un Ironman et quelques 70.3, mais ce n’est pas encore vraiment décidé.

Léon Chevalier Ironman World Championship 2021 Utah Finish line

Kona, ça va aussi être une découverte pour toi !

Oui, et ce sera vraiment différent de St George, avec de nouvelles conditions, une période de l’année différente, avec d’autres athlètes aussi. Et une dynamique de course différente, un parcours moins sélectif qu’à St George, beaucoup plus linéaire…

Qu’as-tu pensé de ce parcours de St George, d’ailleurs ?

Il était très sélectif à vélo, et à pied il n’était pas aussi « raide » que je ne pensais. A Kona, c’est souvent le vent et l’humidité qui compliquent les choses. Et beaucoup de pros vous le diront, ce n’est pas un parcours qui fait rêver. La course est intéressante parce que c’est un Championnat du monde, et que c’est historique, mais beaucoup de pros aimeraient voir le lieu bouger un peu, pour pouvoir se mesurer sur des parcours plus intéressants, et pour que plusieurs types d’athlètes puissent être mis en avant. On a vu en Utah qu’il y avait comme un nouveau souffle sur Ironman, avec 4 ou 5 athlètes du Top 10-11 à avoir 25 ans ou moins.  Et ces athlètes veulent juste faire des Mondiaux sur les parcours les plus intéressants possibles, et que ce soit le meilleur qui gagne !

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