Daniela Ryf a donné la semaine dernière une de ses rares interviews à un magazine suisse, Schweitzer Illustrierte, où elle revient sur des évènements importants et récents de sa vie de femme et d’athlète de haut niveau. Elle y révèle entre autres sa bisexualité, et la fin de sa collaboration avec son entraîneur Brett Sutton.

Dans cet entretien, Daniela Ryf, 33 ans, neuf fois championne du monde sur triathlon longue distance (Ironman 70.3 et Ironman) rompt avec son image parfois austère d’athlète « robot », qui lui a valu ses surnoms de « Machine », de « Dame de Fer », d’ « Intouchable » ou d’« Angry Bird ». L’athlète de Solothurn (SUI) y explique que depuis sa 4e victoire à l’Ironman d’Hawaii en 2018, elle subit une grosse pression pour rester au top de son sport, et que ces victoires « n’étaient plus forcément synonymes de joie. Je me sentais comme une bête traquée ». Que sa vie était parfois monotone, bercée par ses trois entraînement quotidiens, avant d’aller manger et se coucher…. La coupure due à la pandémie lui a permis de « déterminer ce qui la rendait vraiment heureuse. J’avais besoin de ce break. Et je l’ai utilisé pour changer des choses dans ma vie, les remettre en question. J’en avais besoin, et je n’avais plus peur de faire ces changements ».

Elle explique ainsi qu’elle a mis un terme à 8 ans de collaboration avec l’emblématique coach Brett Sutton, qui l’a portée du distance olympique au règne sur Ironman, et qu’elle est récemment « tombée amoureuse d’une fille, alors que jusqu’à présent, je ne l’avais été que de garçons ». « Mais je ne veux rien cacher. Je veux vivre ce que je veux, et qu’on laisse vivre aux gens ce qu’ils veulent. Je veux aimer qui je veux, et qu’on laisse les gens aimer qui ils veulent ». Ce coming out a été salué par de nombreux athlètes, qui ont souligné le courage de Ryf. Brett Sutton a également salué le geste de sa talentueuse élève, assurant que cette interview et cette révélation n’avait pas déclenché leur séparation, mais qu’il était « simplement temps pour tous les deux de passer à autre chose ». « On a vécu un super voyage ensemble» a dit Sutton « et je suis très fier d’avoir été de ce voyage auprès d’elle ».

Durant la pandémie, Daniela Ryf en a profité pour s’éloigner un peu de la « bulle » du triathlon, et reprendre ses études, en passant sa thèse en technologie alimentaire, et en préparant un MBA en psychologie. « Le crveua m’a toujours intrigué » explique-telle. «  Que se passe-t-il dans le cerveau quand on est motivé ? Quelles substances sont secrétées quand on est triste ou heureux ? Tous ça m’interpelle ! Cet intérêt pour le cerveau a aussi un fondement tragique : mon père a échappé à la mort par 3 fois l’an dernier. Désormais, il doit être assisté pour le restant de ses jours, et il doit ré-apprendre à parler, à manger…en savoir un peu plus sur le mode de fonctionnement du cerveau, ça me fascine » explique la championne.

La manager de Ryf a confirmé que Daniela était désormais sa propre coach. Ce qui ne semble pas pour l’heure la pénaliser, puisqu’elle a remporté le Challenge Dubäi dernièrement, et qu’elle sera l’un des favorites de l’Ironman 70.3 Utah ce week-end, et de l’Ironman Tulsa, dans trois semaines, en Oklahoma. « J’ai réalisé que je n’avais pas perdu l’amour pour mon sport » assure Ryf. « Le feu brûle en moi plus fort que jamais, mais j’ai pris conscience que parfois je m’étais un peu trop rapprochée des flammes » imagera la championne suisse. Le porte-parole de son sponsor principal, Bahrhein Endurance 13, a par ailleurs confirmé qu’elle continuerait à faire partie du team, dans un pays-sponsor où l’homosexualité est encore très mal perçue et acceptée….

L’interview complète en anglais :

https://danielaryf.ch/files/ryf/assets/img/medien/SI-Interview-Daniela-Ryf-ENGs.pdf

Photos Thierry Sourbier

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